«Il faut instaurer des mesures d’apaisement»

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La réunion de conditions saines et l’instauration d’un climat serein avant la tenue de toute élection, est une exigence qui revient tel un leitmotiv dans les déclarations des membres du Panel qui se sont exprimés hier. Qu’il s’agisse du coordinateur de l’Instance nationale de dialogue et de médiation (INDM), Karim Younes, à l’issue de sa rencontre, en compagnie de sept des membres du Panel, avec le chef de l’Etat ou du Président du conseil consultatif de cette même Instance, le Dr Mohamed Bekkat-Berkani qui s’exprimait, quelques heures avant, sur les ondes de la chaîne III de la radio algérienne, ils sont tous deux, implicitement, sur l’impérative satisfaction de certains préalables nécessaires à l’amorce d’un dialogue et à l’organisation de la présidentielle.

«Le Panel n’a jamais renoncé aux conditions d’apaisement et d’accompagnement», a ainsi déclaré en fin de l’émission «L’invité de la rédaction» de la chaine III, le Dr Bekkat-Berkani. Sachant l’opposition sèche du chef d’état-major de l’ANP à tout préalable, notamment celui inhérent à la libération des détenus, notamment ceux dits d’opinion politique, et le départ du gouvernement Bedoui, les deux membres de l’INDM ont sciemment évité de prononcer le mot préalable, préférant parler de «mesures d’accompagnement». «Il est connu que pour garantir une meilleure organisation des élections, il faut instaurer des mesures d’apaisement», a déclaré Bekkat-Berkani sur les ondes de la chaîne III.

Il explique, parlant au nom du Panel, que «les élections ne doivent se tenir que quand toutes les conditions seront réunies». «Tout le monde estime que les mesures d’accompagnement sont nécessaires, il s’agit des mesures d’apaisement concernant notamment les personnes arrêtées pour leurs opinions politiques, le départ du gouvernement que d’aucuns sont d’accord qu’il n’est pas dans la légitimité», a encore expliqué le président du conseil consultatif du Panel. Ce dernier reste, néanmoins, convaincu qu’il faut aller vers la présidentielle dans les meilleurs temps : «Nous avons mis beaucoup de temps pour élire un président de la République», estime-t-il.

Pour lui, il n’est pas judicieux d’aller vers une période de transition, car «nous sommes déjà en période de transition», a-t-il martelé, en rappelant «l’échec de tous les exemples de transition dans les pays qui l’ont vécue». Outre la composante de la Haute instance électorale évoquée dans l’émission et précisé, la veille, par le président du comité juridique du Conseil consultatif de l’INDM, Lazhari Bouzid, au terme d’une rencontre avec des experts et spécialistes en Droit (lire l’article de Kamela Haddoum), le Dr Bekkat-Bekani croit savoir que la garantie d’«un haut niveau de confiance pour une élection propre et transparente», dépend de «l’intégrité de ses membres» : «La qualité des personnes qui manageront cette institution sera la condition sine qua non pour garantir la transparence et l’intégrité de ces élections».

«Il y aura des personnalités totalement indépendantes des formations politiques (…) et des personnalités nationales en rupture de banc avec le système, car les Algériens sont fatigués de ce système», explique encore l’invité de Souhila Hachemi. Quant à la faisabilité de l’organisation de la présidentielle dans les temps exigés par le chef d’état-major, Bekkat-Berkani est catégorique : «Trois mois à partir de la date de convocation du corps électoral, tel que souhaité par le chef d’état-major, sont totalement suffisants pour mettre en place les mécanismes garantissant une élection transparente et crédible tel que suggéré dans le rapport du Panel».

«Comment convaincre la population d’aller voter ?», a interrogé la journaliste. «Il est surtout nécessaire de détendre l’atmosphère (politique), il faut ouvrir les débats publics ainsi que l’accès aux médias publics notamment et mettre en off ce gouvernement qui représente un symbole rejeté, un gouvernement qui contient un certain nombre de personnes qui ont un exercice passé que les Algériens voudraient oublier», a rétorqué le président du conseil consultatif du l’INDM.

Ce dernier n’a, par ailleurs, pas exclu la fin de mission pour le Panel : «La remise du rapport au chef de l’État est, en principe, une fin de mission pour le Panel», a-t-il affirmé.

M. A. T.

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