Une autre démonstration !

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Pour le sixième vendredi de suite, des milliers de citoyens ont marché, hier, dans les rues d’Alger, pour réclamer à nouveau le départ du système. Les premiers manifestants, essentiellement des jeunes venus d’autres wilayas du pays, ont passé la nuit de jeudi à vendredi à Alger au niveau de la Grande-poste, pour se joindre aux traditionnels rassemblements organisés depuis le vendredi 22 février au niveau de la Grande-poste et de la Place Maurice Audin.

A mesure qu’approchent 14h et la fin de la prière du vendredi, les foules deviennent de plus en plus denses au niveau des deux points où il est devenu difficile de se frayer une place tellement les manifestants, de tous âges, homme et femmes, en familles, ne cessent d’affluer sur les deux lieux emblématiques des manifestations dans la capitale.

A 15h00, les rues sont noires de manifestants, certains marchent de la Grande-poste vers Didouche, d’autres font le chemin inverse. La foule continue de scander les slogans habituels contre le système, refusant le recours à l’article 102 de la Constitution comme cela a été suggéré, mardi dernier, par le chef d’état-major de l’ANP, Gaid Salah.

«Chaâb la yourid la Gaid la Said» ; «Dégage FLN, dégage RND» ou encore «Klitou leblad ya sarakine, sont scandés en boucle par les manifestants qui brandissaient également des banderoles et pancartes réclamant le départ du système. «Le peuple est la source de tous les pouvoirs» ; «Pour l’application de l’article 07 de la Constitution» ; «Un seul héros le peuple», pouvait-on y lire. Icône de la révolution algérienne, la Moudjahida Djamila Bouhired est de nouveau descendue hier dans les rues d’Alger, pour manifester elle aussi contre le système et dire son refus de l’application de l’article 102 de la Constitution.

Entourée de nombreux jeunes, Djamila Bouhired était émue de voir autant d’Algériens et d’Algériennes scandant des slogans hostiles au pouvoir et exigeant le respect du serment fait aux martyrs de bâtir une Algérie démocratique.

Côté forces de l’ordre, se faisant très discrets au niveau des autres rues d’Alger, des policiers antiémeutes se sont déployés en force aux alentours de la Place Maurice Audin, empêchant, comme ce fut le cas depuis la première marche du 22 février, les manifestants de remonter le boulevard Mohamed V et de se diriger vers le Palais présidentiel à El Mouradia.

Face à l’entêtement de certains jeunes manifestants à vouloir forcer le cordon sécuritaire, les éléments des forces de l’ordre n’ont pas hésité à user du canon à eau et de bombes lacrymogènes, créant une certaine panique et une grande gêne chez les autres manifestants, qui ne cessaient de clamer «Silmiya, silmiya !».

Face à la détermination des manifestants, les forces de l’ordre ont fini par lâcher du lest, laissant la marée humaine prendre le chemin du Boulevard Mohamed V et remonter vers celui du Telemly, libérant ainsi l’étau sur la rue Didouche Mourad et la Place Audin pleines à craquer de monde. Les manifestants ont continué leur défilé dans une ambiance festive sous les objectifs des caméras de dizaines de chaînes de télévisions, dont celles de l’ENTV qui a décidé, hier, de transmettre les manifestations populaires en direct, mettant ainsi fin à une censure qui n’a que trop duré.

A. C.

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