«Il y a un seul FFS et il y a une seule direction»

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À travers cet entretien, le premier secrétaire du FFS évoque la crise au sein du parti et réaffirme la démarche réconciliatrice de la direction, pour unifier les rangs en dépit de la persistance de certains groupes de cadres encourageant la mise en place de structures parallèles, circonscrites, du reste, dans la wilaya de Tizi Ouzou.

La Dépêche de Kabylie : Le FFS est ébranlé par une crise interne. La confusion est à ciel ouvert avec une direction parallèle assumée par ses initiateurs…

Hakim Belahcel : Le FFS a été fondé le 29 septembre 1963 par des patriotes sincères et dévoués, à l’image de notre président légitime et éternel, feu Hocine Aït Ahmed, pour se battre contre un régime despotique, illégitime et autoritaire, pour lutter sans relâche et sans concessions contre une caste de décideurs successifs qui s’est imposée depuis l’indépendance de notre pays par la force et les pratiques mafieuses et autoritaires et sous l’impact d’une macabre série de forcings électoraux, afin de se maintenir advienne que pourra au pouvoir.

Évidemment, ce parcours persévérant et militant en faveur de l’autodétermination et la liberté du peuple algérien a été émaillé d’une grande estime et d’une haute considération populaire. Par ailleurs, les conséquences sur plusieurs générations de vaillants militants du parti furent désastreuses, puisqu’elles ont engendré plusieurs martyrs, la persécution et les représailles violentes et arbitraires contre beaucoup de nos camarades et leurs proches. Le FFS a payé un lourd tribut pour son engagement sans limites et sans failles pour imposer un changement radical du système politique et pour l’instauration d’une alternative démocratique synonyme de l’avènement de la deuxième République et l’édification d’un État de droit et de libertés.

Face à cette farouche détermination politique et militante, face à l’implication effective et sincère dans toutes les causes justes et patriotiques dans le pays et dans l’espoir de pulvériser et de démanteler cette locomotive politique historique du combat démocratique, le pouvoir, à travers ses relais et ses officines, œuvre depuis des décennies à fomenter et à alimenter une salve de crises internes pour nous neutraliser définitivement. L’objectif étant surtout d’empêcher le FFS de jouer un rôle politique et pédagogique majeur et déterminant dans ces tournants historiques cruciaux pour le peuple et la patrie. Le distraire et l’occuper dans le ghetto d’une avalanche de conflits internes a toujours été une option stratégique pour les décideurs d’hier et d’aujourd’hui.

Heureusement, et comme toujours, la vigilance et la maturité politique et humaine des dirigeants et des militants du parti ont toujours constitué un incommensurable rempart contre ces machinations malveillantes. Aujourd’hui, dans un moment aussi décisif pour le pays, le FFS, fort de sa grande crédibilité, de son patrimoine politique et militant et des inlassables efforts de ses dignes enfants, est en voie de dépasser magistralement cette énième tentative d’ensevelissement politique. Depuis des mois, une forte et salutaire initiative de réconciliation interne est en marche. Les résultats sont prometteurs et augurent d’un dénouement rapide et définitif. Le prochain conseil national du parti sera un moment très particulier pour nous tous et constituera une occasion pour débattre et trancher sereinement sur plusieurs points d’ordre organique et politique. Personnellement, j’y travaille et j’y crois profondément !

Mais avec une direction parallèle, un conseil national parallèle, des sections parallèles, comment comptez-vous dépasser une situation aussi confuse, du moins en Kabylie où le parti jouit de son plus fort ancrage ?

Cette fausse configuration est l’une des conséquences dévastatrices du plan machiavélique mis au point par le pouvoir et ses relais politiques et médiatiques. Cette machination consiste à semer la discorde et l’incompréhension chez les militants du FFS et, a fortiori, neutraliser notre parti dans un contexte politique marqué par une révolution populaire inédite et historique. Comme je l’ai évoqué plus haut, l’apport politique et pédagogique du FFS sur la scène politique nationale dérange énormément, d’où l’encouragement et l’alimentation de ce coup d’État scientifique perpétué sans succès contre la direction nationale du FFS.

Pour nous, pour l’ensemble des militantes et militants du FFS et pour l’opinion publique en général, il n’y a qu’une seule et unique direction du FFS, comme il n’y a qu’un seul parti politique qui s’appelle le Front des Forces Socialistes. Sur le plan organique, comme j’ai eu à le noter dans ma précédente réponse, le conseil national du parti, qui se tiendra à l’issue du travail du comité ad hoc installé pour la circonstance, tranchera sur la prochaine feuille de route organique qui aboutira vers un congrès national historique et rassembleur.

Une démarche de réconciliation a été entamée et vous évoquez l’installation d’un comité ad hoc à cet effet. Où en est l’initiative ?

Permettez-moi de rappeler ici le travail qui a été déjà accompli en faveur du retour de bon nombre d’anciens cadres et militants du FFS. Cette initiative, qui a été enclenchée depuis plusieurs mois, a comme ambition de réunir les conditions idoines pour l’organisation d’un congrès national réconciliateur et rassembleur. Le succès de cette approche inclusive a suscité l’approbation et l’adhésion de l’écrasante majorité des dirigeants et des militants du FFS.

S’agissant de l’initiative de la réconciliation interne, il faut rappeler aussi que ce projet rassembleur a été le fruit de plusieurs efforts consentis de part et d’autre et qui ont abouti à des décisions très importantes portées en gras dans la déclaration de la direction nationale du FFS, signée le 11 août dernier. Cette déclaration, qui a été d’ailleurs chaleureusement accueillie par l’ensemble des militants du FFS et des sympathisants, a mis en avant la nécessité impérieuse d’aller vers une réconciliation interne pour garantir la pérennité de notre cher parti.

Aussi, elle a fait état de plusieurs mesures d’apaisement et de dépassement, notamment la suspension de toutes les mesures disciplinaires prises depuis le dernier congrès national extraordinaire, puis l’installation d’un comité ad hoc qui se chargera de réunir toutes les conditions nécessaires pour aller vers une session du conseil national sur la base de sa composante, arrêtée le 25 janvier 2019. Cette session, qui se tiendra au siège national du parti, aura, comme je l’ai mentionné précédemment, à trancher sur toutes les questions liées à la vie organique et aux options politiques du FFS. Pour le comité ad hoc, qui est composé pour rappel de 10 membres, il a pris fonctions et s’attellera à accomplir ses missions énoncées dans la récente déclaration de la direction nationale, datée du 10 octobre 2019.

Mais certains cadres s’opposent à la réconciliation prônée…

Ce qui est clair, c’est que personne n’a le droit de confisquer ou d’hypothéquer les chances d’une réelle réconciliation interne au sein du FFS. Ce parti, qui constitue une chance et une raison d’espérance pour tout un peuple et qui a réussi à survire et à surmonter les plus dures épreuves au prix de lourds sacrifices, ne doit pas disparaître ! C’est plus qu’une nécessité, c’est un devoir national ! Le FFS ne sera jamais otage de ceux qui trouvent leurs comptes dans l’effacement et la dislocation d’un legs politique vieux de 56 ans ! Ils ne réussiront jamais à stopper ce projet réconciliateur !

Entretien réalisé par Kamela Haddoum.

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