Un programme pour protéger le nouveau barrage

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La Direction générale des forêts vient de concevoir un programme en direction du bassin versant du barrage de Koudiat Acerdoune destiné à le protéger de l’envasement.

Le bassin versant qui compte une superficie d’environ 3 000 km2 (entre les deux wilayas de Bouira et Médéa) fera l’objet d’actions agro-forestières destiné à stabiliser ses terres en amont.

A ces actions vont se greffer des projets individuels au profit des populations locales déclinés sous forme de PPDRI (Projets de proximité de développement rural intégré).

Au cours de la semaine prochaine, les équipes de projet installées par les daïras concernées par le bassin versant sillonneront les localités ciblées par ce programme dans le but de le consolider par des regroupements avec les populations et par des enquêtes ménages. Une fois validés par les daïras, probablement avant la fin du mois de juillet, ces projets seront soumis à l’approbation du wali via le CTW (Comité technique de wilaya).

Le barrage hydraulique de Koudiat Acerdoune, d’une capacité de 640 millions de m3 (le 2e en Algérie après Benharoun), possède, sur le territoire de la wilaya de Bouira, un bassin versant de 460 km2 regroupant les daïras de Kadiria, Lakhdaria, Souk El Khemis, Aïn Bessem, Bir Ghebalou et Sour El Ghozlane. L’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT) a confié au bureau d’études canadien Tecsult-Canada, l’étude de protection du bassin versant de cet important ouvrage hydraulique. Le bureau canadien a établi en 2008 le schéma directeur d’aménagement du bassin basé sur les méthodes de lutte anti-érosives. Le point de départ de ce bassin va du sommet de djebel Dirah à Sour El Ghozlane jusqu’à Kef Lakhdar, relevant de la daïra de Aïn Boucif. Quant à la digue, elle est construite sur l’Oued Isser, commune de Maâlla, daïra de Lakhdaria.

Le schéma directeur de protection du bassin versant du barrage Koudiat Acerdoune constitue un atout incontestable pour une approche scientifique tendant à faire un diagnostic réel de la situation de l’érosion dans la région et asseoir une méthodologie de lutte anti-érosive la plus efficace possible. Il prend en charge le souci de mettre en exergue les dangers de l’érosion à trois niveaux : dégradation et appauvrissement des sols, ce qui conduit inéluctablement à la réduction des rendements et à la paupérisation des populations ; envasement des barrages, ce qui réduit progressivement leurs capacités de rétention et altère la qualité des eaux ; endommagement et même destruction de certains équipements hydrauliques (pompes, canalisations,…). L’étude insiste sur le développement d’une approche sociologique qui devrait prendre en compte la réalité culturelle des populations et le mode d’organisation économique de celles-ci dans le but de les impliquer dans la gestion rationnelle de leurs territoires et de les faire adhérer à la stratégie de protection des bassins versants de barrages.

Le sol de cette région, qui fait partie de ce que les géographes appellent l’Atlas blidéen, est marqué par une forte diversité de sa morphologie et de sa structure. Cependant, sur le plan de l’action anthropique (intervention de l’homme), les incidences sont à peu près les mêmes. Ces dernières se matérialisent par une forte dégradation du milieu biotique (incendies de forêts, défrichement, systèmes de culture inadaptés, processus d’urbanisation,…), ce qui, inévitablement, conduit à la fragilisation du support édaphique (sol). Les éboulements, érosions, glissements et affouillements de terrain n’ont jamais connu une telle avancée que lors des dix dernières années. L’obstruction des routes par des coulées de boue après de légères pluies automnales n’en est que l’élément le plus visible.

En matière de lutte anti-érosive, les méthodes demeurent à la portée des techniciens algériens, qu’il s’agisse des opérations de plantations forestières/fruitières ou d’autres aménagements tels que les seuils des corrections torrentielles (barrages de gabions).

Cependant, sur le plan pratique, des cas de difficulté d’exécution de ces programmes ne sont pas à exclure, principalement celles liées à la nature juridique des terrains sur lesquels sont prévues les actions du schéma directeur. Sur l’ensemble de l’impluvium, la majeure partie des terres revient à des propriétaires privés. Les actions de reboisement, de fixation de berges, de corrections torrentielles, voire même de plantation fourragère, ne sont pas toujours les bienvenues sur cette catégorie de propriété. Les exemples les plus édifiants ont été vécus au cours des années 1980 dans les tentatives de protection du bassin du barrage de oued Lakhal (communes de Aïn Bessem, Sour El Ghozlane, Dechmia et Raouraoua).

Le plus grand barrage du Centre du pays, Koudiat Acerdoune a une capacité de 640 millions de mètres cubes. De par sa position géographique, dans le cœur du moyen Isser, cet ouvrage fournira de l’eau pour cinq wilayas : Bouira, Médéa, Alger, Boumerdès et Tizi Ouzou pour des besoins en eau potable et d’irrigation. Vers le sud de la wilaya de Tizi Ouzou, les travaux de transferts (adductions, stations de refoulement,…) ont atteint leur vitesse de croisière. La nécessité de pérenniser les ressources chèrement mobilisées n’a pas besoin de démonstration. C’est pourquoi, le programme de protection du bassin versant du barrage Koudiat Acerdoune tombe à point nommé.

Amar Naït Messaoud

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