Avec tout le tintamarre qui a précédé son avènement et toute une galerie de mécènes, l’administration, l’APC, même la société civile s’étaient impliquées, jurant d’une même voix que Béjaïa sera plus belle qu’avant. Tiens ! Tiens ! Béjaïa sera plus propre que jamais ! Yemma Gouraya connaîtra une métamorphose heureuse. Il ne sentira plus la bouse de vache, ni le renfermé, il sentira désormais le jasmin et l’huile d’olive. Quelques semaines après la consommation de cette illusion, rien n’a changé, les ordures s’amoncellent dans les rues, les quartiers, les abords d’oueds.
Ce qui confond en conjectures l’observateur le plus averti. Comment, en un jour, peut-on transformer un tel dépotoir en havre de propreté, de netteté et d’écologiquement parfait ? Des volontariats ont été pourtant initiés. En fait, l’idée eût été géniale si elle eût été suivie concrètement et durablement. Malheureusement ce n’est pas le cas, elle semble procéder d’un comportement d’humeur qui prend les habitants pour ce qu’ils ne sont pas, en l’occurrence, des benêts. Rien ne semble convaincre les volontaires de ce qu’ils s’autoproclament, protecteurs de l’environnement, de l’idéal vert, de l’esprit de propreté du voisinage, des espaces verts et des carrés fleuris qui embaument l’atmosphère.
Avant de dire ses envies et sa volonté réelle de réaliser quoi que ce soit, il n’eût fallu avoir que les moyens de sa politique, sinon rien ne vaut le silence. Les volontariats à blanc n’auront servi qu’à donner l’illusion d’activer au nom d’une éthique abstraite. Ce qui revient à dire qu’on nous fait dormir, qu’on nous fait rêver, ou qu’on nous fait cauchemarder sans fin pour qu’à l’heure où nous nous réveillons, nous nous retrouvons dans la situation antérieure ou encore pire.
C’est plausible de nettoyer la ville, c’est un devoir citoyen, mais pas se moquer de son monde, pour dribbler, pour tromper avec une vidéo, des solfies, pour au bout, exaspérer ses concitoyens. Il est juste de remettre les pendules à l’heure de la levée de bouclier écologique, et injuste de se gargariser de projets impossibles.
R. R.