Le savant et le penseur universel mis en avant

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Le colloque international consacré au penseur et islamologue, Mohamed Arkoun, par l’APW de Tizi-Ouzou s’est poursuivi hier.

En début de matinée, une conférence fut animée par Tassadit Yacine, sous le thème «Au-delà de l’islam, Mohamed Arkoun savant et penseur». Puis, des vidéos ont été projetées, retraçant différentes interventions de Mohamed Arkoun.

Abderzak Iddir, de l’université Mouloud Mammeri, a ensuite animé une communication abordant le thème «L’intellectuel : vecteur de l’objectivité et de la rationalité dans la société».

Le conférencier dira : «C’est un immense honneur et une grande fierté pour moi de participer, parmi des experts de renommée internationale, à ce colloque consacré à un intellectuel algérien dont le nom, la pensée, les travaux et les actions ont une étendue universelle, dans ce contexte international, marqué par la régression du raisonnement rationnel et par le déferlement de comportements pervers, de négation de l’autre et d’intolérance…».

M. Iddir poursuivra : «Notre besoin en intellectuels de la trempe de Mohammed Arkoun est une exigence civilisationnelle. Ma contribution s’intéresse au profil de l’intellectuel évoqué par Gaston Bachelard, un pionnier de la philosophie des sciences, dans son ouvrage ‘’Le nouvel esprit scientifique’’ (1934) et incarné dans la pensée de Mohammed Arkoun.

Ce pionnier de la philosophie trouvait que ‘’la science crée en effet de la philosophie. Le philosophe doit donc infléchir son langage pour traduire la pensée contemporaine dans sa souplesse et sa mobilité. Le philosophe doit aussi respecter cette étrange ambiguïté qui veut que toute pensée scientifique s’interprète à la fois dans le langage réaliste et dans le langage rationaliste.

Peut-être alors devrait-on prendre comme une première leçon à méditer, comme un fait à expliquer, cette impureté métaphysique entraînée par le double sens de la preuve scientifique qui s’affirme dans l’expérience aussi bien que dans le raisonnement, à la fois dans un contact avec la réalité et dans une référence à la raison’’.

Mohamed Arkoun, lui, s’oppose aux ésotéristes occidentaux comme René Guenon et à ceux, qui selon lui, construisent une vision mythologique et romantique de l’Islam, au détriment des problèmes de la vie quotidienne et de la rationalité dans le monde musulman.

Arkoun pense que sans l’appréhension des particularités des sociétés islamiques, le projet laïque n’a pas de sens pour ces sociétés. L’absence de tradition laïque dans cette culture n’est pas seulement analysable comme un développement moindre des sociétés islamiques, mais tient aussi à leur différence qui ne témoigne pas seulement de ce fameux retard historique, mais d’une expérience différente dans le rapport à la raison et à la science».

«Lutter contre la paralysie de la pensée»

L’intervenant dira encore : «Mohamed Arkoun disait que les murs les plus difficiles à abattre sont ceux de l’esprit. Il se demandait qui allait défendre la raison quand l’imaginaire dévore absolument tout, comme c’est le cas en ce moment dans toutes les sociétés musulmanes, où la raison a disparu. Voilà à quoi je suis sensible».

Et d’insister sur ce qu’est l’éthique : «L’éthique ne consiste pas à faire la morale aux gens. C’est contraindre la raison philosophique à penser, avec rigueur et responsabilité, pour identifier les valeurs universelles et non celles des états-nations, des cultures limitées, des tribus ou des communautés musulmanes ou chrétiennes.

Tout cela est terminé et ne peut ré-émerger, à moins que l’on ne régresse tous, comme le fait l’Islam en ce moment». «La pensée de Mohammed Arkoun nous interpelle à lutter contre la paralysie de la pensée et nous incite à une veille de la raison, une veille scientifique», plaidera le conférencier.

Un débat riche et intense a suivi la conférence, animé par les présents. Dans l’après midi, une vente dédicace de livres était au menu. En 3e session, présidée par Ghaleb Ben cheikh, il y eut trois autres contributions, dont celle de Khaled Ben Tounes, cheikh de la confrérie alawiya. Il s’agissait d’un message vidéo en hommage à l’homme mis à l’honneur par l’APW de Tizi Ouzou.

Said Djab Elkhir lui succédera, abordant un thème s’articulant autour de «La lecture préliminaire de l’approche Arkouniene dans le texte coranique». Puis, la dernière conférence fut animée par Mohamed Ben Brika, qui a abordé la pensée philosophique et religieuse de Mohamed arkoun. A signaler qu’un diplôme d’honneur a été décerné à Arkoun à titre posthume et des diplômes de reconnaissance ont été également remis aux conférenciers et aux organisateurs.

Hocine T.

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