Le père de Zakia toujours en quête de vérité

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Les membres de la famille de la jeune parturiente Mebarki Zakia, décédée le 8 juillet 2015 à la suite d’un accouchement difficile à la clinique privée Lalla Khedidja du centre-ville de Bouira, comptent organiser une nouvelle marche de protestation dans la ville.

Ils réclament la publication des résultats de l’enquête et de l’expertise effectuée au lendemain du décès par les médecins-inspecteurs du ministère de la Santé. Selon M. Mohammed Mebarki, père de la jeune maman de 25 ans, cette nouvelle action de protestation a pour objectif d’accélérer la procédure judiciaire qui, selon-lui, tarde à se concrétiser : «J’ai été auditionné au même titre que l’époux de ma fille par la gendarmerie nationale quelques jours seulement après son décès. En plus de la plainte que nous avons déposée, une enquête a été enclenchée par les services de sécurité et ceux du ministère de la Santé. Mais malheureusement ça traîne depuis plus de deux ans et nous sommes dans le droit de réclamer les conclusions de ces enquêtes ainsi que la programmation du procès qui nous oppose à la direction de la clinique», affirme M. Mebarki, que nous avons reçu hier dans notre bureau. Notre interlocuteur a réaffirmé des soupçons de négligence de la part de l’équipe médicale ayant traité le cas de sa fille, chose qui a conduit à son décès : «Tout le monde se souvient comment ma fille a accouché par césarienne le 7 juillet 2015, et comment elle s’est retrouvée le lendemain aux urgences de l’hôpital de Kouba à Alger, après une forte hémorragie». M. Mebarki s’est aussi interrogé sur les raisons qui «retardent», selon-lui, la tenue de ce procès : «Je ne cherche pas les raisons ayant conduit au décès de ma fille, je veux seulement savoir s’il y a eu négligence ou pas ? Et c’est la justice qui doit répondre à cette question. J’ai été reçu deux fois par l’ancien ministre de la Santé, M. Abdelmalek Boudiaf qui m’a promis d’accélérer les choses et de rendre public les conclusions de l’enquête, mais à ce jour rien n’a été fait. Idem pour les services de sécurité et la justice qui me disent à chaque fois que le procès doit être programmé incessamment, mais voilà deux ans déjà et nous n’avons toujours rien ! Nous n’avons autres choix que la rue», a-t-il martelé. Pour rappel, les parents et la famille de la défunte avaient déjà organisé une marche suivie d’un rassemblement devant ladite clinique le 12 juillet 2015, afin de réclamer une commission d’enquête ministérielle. Une rencontre avec les responsables et les médecins de cette structure a été improvisée à la suite de cette action de protestation. Ces derniers ont, d’ailleurs, rejeté en bloc les accusations des protestataires en avançant que les médecins spécialistes, présents lors de l’accouchement, ont accompli sérieusement leur travail et ont essayé, par tous les moyens, de sauver la vie de cette jeune maman : «Il n’y a jamais eu de négligence dans ce cas, au contraire nous avons mobilisé tous les moyens pour lui sauver la vie. Au moins trois médecins spécialistes ont suivi son cas (un gynécologue, un radiologue et un chirurgien), et l’ont même accompagné à l’hôpital de Kouba», dira le professeur Younci, directeur de l’établissement. Il ajoutera que la patiente a eu des complications après son opération, chose qui a conduit à une importante hémorragie interne : «La défunte a eu plusieurs complications, dont un hématome du foie. C’est pour cela que nous étions obligés d’injecter régulièrement du sang frais au cours de l’évacuation». Concernant les raisons du choix de l’hôpital de Kouba pour l’évacuation de la parturiente, notre interlocuteur affirme que ce choix a été fait sur la base de la réputation de cet hôpital, son service de réanimation-obstétrique notamment : «C’est le meilleur service de réanimation du centre du pays. En plus, les hôpitaux de Bouira ne disposent pas de moyens dont dispose cet hôpital. Donc, c’est dans l’objectif de sauver la vie de notre patiente que nous l’avons évacuée vers cet hôpital», avait-il ajouté à l’issu de cette rencontre.

O. K.

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