Les pays du Sud vont-il en bénéficier ?

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l La seizième conférence internationale sur le sida s’est achevée vendredi dernier à Toronto, une conférence qui a enregistré près de 30 000 participants, et un budget de 20 millions de dollars.La conférence annuelle sur le sida a apporté la démonstration d’un début de changement de mentalité dans l’aide humanitaire. Aux traditionnelles postures compassionnelles et velléitaires semblent désormais succéder des attitudes cultivant l’obligation de résultat. Nouveau mot d’ordre : « Il faut en finir avec le mortel virus ». Sans doute la présence au Canada de Bill Gates et de son épouse Melinda, n’y a-t-elle pas été pour rien. Si le milliardaire fondateur de Microsoft vient de donner 500 millions de dollars au Fonds mondial contre le sida, plus que beaucoup de pays riches, ce n’est pas pour le plaisir de figurer sur une liste de généreux donateurs. Son âme de philanthrope ne l’empêche pas de vouloir être certain que son argent soit dépensé conformément à ses voeux. Il a donc présenté ses projets pour l’éradication de la maladie d’ici à vingt-cinq ans. Rien ne dit que l’objectif soit atteint, mais il n’est pas mauvais – même si l’expression peut choquer en la matière – qu’une logique d’entreprise secoue les habitudesCependant, l’envoyé spécial de l’Onu pour le sida en Afrique Stephen Lewis a accusé les pays riches du G8 de « trahir le Sud » en ne tenant pas leurs promesses de financement de la lutte contre l’épidémie, « personne ne demande davantage que ce qui a été promis lors du sommet du G8 il y a un an à Gleneagles (Ecosse), mais la trahison pavlovienne du Sud par les pays riches a déjà commencé », a lancé M. Lewis sous les acclamations de milliers de délégués réunis pour la cérémonie de clôture de la conférence internationale sur le sida. « Toute la bataille contre le sida est mise en danger par l’attitude du G8 », ajoute-t-il appelant, toutefois, l’assemblée à « ne jamais relâcher la pression sur les pays du G8 « .Ainsi, rares sont les États occidentaux qui respectent l’engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide au développement. Pas plus la France que l’Amérique. La Fondation Gates, elle, aura dépensé, l’année dernière, autant d’argent que l’Organisation mondiale de la santé dans la lutte contre les maladies. L’absence des chefs d’État et de gouvernement était d’une brillance scintillante, à commencer par le Premier ministre canadien. Le couple Gates, avec d’autres, ont mis l’accent sur une réalité qui en dit long sur l’évolution de notre monde. Environ 39 millions de personnes sont contaminées aujourd’hui par le sida dans le monde, la moitié sont des femmes. Les pays pauvres sont particulièrement exposés à cette épidémie, là où, distinctement, la liberté de la femme est souvent mystifiée, démentie et inexplorée, là où les abus sexuels sont rarement réprimandés. Et ce n’est pas uniquement des bienfaiteurs prospères comme Bill Gates ou des organisations non gouvernementales qui vont faire face à l’ennemi de l’humanité, le combat ne sera pas gagné sans l’engagement des États dits civilisés.

Kahina Oumeziani

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