Immense foule à Béjaïa !

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Pour un 43e vendredi de marches contre le système, les Béjaouis ne lâchent pas la pression sur les tenants du pouvoir. Hier, jour de la proclamation des résultats du scrutin présidentiel par l’ANIE, ils étaient nombreux à investir la rue pour réitérer leurs exigences, notamment un changement radical du système de gouvernance. Avec une mobilisation qui ne faiblit pas, la marche qui a eu lieu, hier, dans les rues du chef-lieu de wilaya a été tout simplement immense et historique.

C’est dire que les manifestants ne lâchent rien. Ils tiennent toujours à une période de transition à même d’en finir avec un système moribond. Empruntant leur itinéraire habituel, de la Maison de la culture jusqu’au boulevard Amirouche, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. Quelques manifestants brandissaient des pancartes, réclamant la libération des détenus d’opinion, alors que d’autres ont consigné, noir sur blanc, ne pas reconnaître les résultats de l’élection présidentielle. Fonctionnaires, étudiants, commerçants, vieux, vieilles, enfants, fellahs et autres citoyens ont tous répondu présents à la marche hebdomadaire dans son acte 43.

Plusieurs carrés massifs ont été formés par les manifestants. Au fil des minutes, une foule immense s’étendait sans fin dans le centre-ville de Yemma Gouraya. Au rond-point Matoub, point de convergence des manifestants, le cortège devint plus bruyant. Une manifestation monstre et sans violence contrairement à la veille, où des escarmouches entre de jeunes manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu dans au moins cinq communes de la wilaya de Béjaïa. Les Béjaouis comptent maintenir leur mobilisation jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Ils revendiquent, pour résumer, une nouvelle Algérie sans les figures du régime Bouteflika.

Le vote boudé et nuit émaillée de troubles

La rue de la Liberté portait encore hier matin les stigmates d’une nuit de manifestations et d’un face à face entre de jeunes manifestants et des forces antiémeutes. En effet, après des heures de mobilisation devant les centres de vote pour empêcher la tenue du scrutin présidentiel, des dizaines de jeunes s’en sont pris, en fin d’après-midi, au siège de la wilaya, d’où l’intervention des forces antiémeutes qui ont fait usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc pour disperser les manifestants.

Le face à face s’est poursuivi jusqu’à tard dans la nuit. Selon une source hospitalière, plusieurs blessés ont été enregistrés dans les rangs des manifestants. «Suite aux derniers événements enregistrés dans certaines régions de notre wilaya, le service des urgences médico-chirurgicales du CHU de Béjaïa a reçu six blessés présentant des lésions diverses. Quatre ont quitté l’hôpital juste après avoir reçu des soins, alors que deux autres, touchés dans la zone du crâne, sont toujours hospitalisés dont un opéré par l’équipe de neurochirurgie et un autre placé sous observation médicale», indique la cellule de communication du CHU de Béjaïa.

Des scènes de violence ont également eu lieu dans la ville d’Akbou, El-Kseur, Oued Ghir et Djebira, dans la commune de Boukhlifa. Dans la matinée d’hier, des jeunes se sont mobilisés pour effacer les traces des émeutes de la veille à Béjaïa ville. Il est à signaler que l’opération électorale a été interrompue au chef-lieu de wilaya quelques minutes seulement après l’ouverture des centres de vote. C’est notamment le cas aux bureaux de vote d’El Houria, Ibn Sina, Ibn Toumert, Ibn Rochd et les frères Boucherba.

L’opération n’a même pas eu lieu dans plusieurs communes où aucun centre de vote n’a ouvert ses portes. Il faut dire que l’opération «zéro vote» lancée sur les réseaux sociaux a trouvé écho auprès des Béjaouis. Selon l’autorité nationale indépendante des élections, sur les 569 710 inscrits, 1 181 auraient accompli leur devoir électoral, donnant un taux de participation de 0.21%.

F. A. B.

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