L’avenir de l’amazighité en débat

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Les regroupements des militants de la cause amazighe en Algérie se poursuivent et ne se ressemblent pas. Mercredi dernier encore, c’est à l’initiative du Congrès mondial amazigh (CMA) qu’une rencontre a réuni, à la Maison des droits de l’homme de Tizi-Ouzou, de nombreux militants du mouvement amazigh en Algérie, dont des anciens du printemps berbère de 1980, du printemps noir de 2001, des avocats-militants des droits de l’Homme, des enseignants à l’université de Tizi-Ouzou…

La rencontre, à laquelle a pris part Belkacem Lounès, ancien président du CMA qui vient d’être désigné expert et membre du «Mécanisme d’Experts des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones», a permis aux différents intervenants d’aborder de nombreuses questions inhérentes à l’avenir de l’amazighité et aussi sur les droits de l’Homme. Ce dernier sujet a été particulièrement débattu par les avocats présents à la rencontre, à l’instar de maitre Rahem, maitre Sadeg et maitre Haddad.

Les trois avocats sont intervenus pour notamment mettre l’accent sur la nécessité de reformuler les lois internes à l’Algérie afin qu’elles soient adaptées et conformes aux lois et aux conventions internationales que l’Algérie a d’ailleurs ratifiées dans leur totalité. Les intervenants ont profité pour rappeler que l’Algérie a ratifié toutes les conventions internationales des Nations Unies, dont la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dont Blekacem Lounès, présent dans la salle, est l’un des sept représentants à travers le monde.

Le débat a porté, par ailleurs, sur les voies et moyens concrets à même de traduire sur le terrain la ratification par l’Algérie de cette convention qui garantit les droits culturels, linguistiques, sociaux et environnementaux des peuples autochtones, surtout dans les pays où ces derniers sont persécutés. Belkacem Lounès a révélé, hier, que le nombre d’autochtones répertoriés à travers le monde est de 400 000 millions. Il s’agit souvent de peuples dont la culture et la langue sont menacées de disparition à cause de la non-prise en charge de la part des États mais aussi à cause de la domination des autres cultures et langues reconnues officiellement dans ces pays.

Ce qui était le cas de l’Algérie avant 2016, année de la reconnaissance de tamazight comme langue officielle. Mais pour que le comité des Nations-Unies chargé des droits des peuples autochtones puisse intervenir, il faudrait que ce soit les peuples eux-mêmes qui en expriment le vœu de voir leurs revendications prises en charge. «Le droit de se préserver en tant que peuple est garanti mais il faut que les peuples concernés se manifestent pour que nous puissions demander l’application des lois et demander par la même les moyens légaux avec insistance aux États concernés d’appliquer les lois des Nations Unies qu’ils ont ratifiées», a répondu Belkacem Lounès.

Dans ce sillage, Kamira Nait Sid, présidente du CMA (Congrès mondial amazigh), a précisé que le droit international prime sur le droit national : «Ceci est valable même si en Algérie, la loi nationale n’a pas encore été mise en conformité avec les textes internationaux», a ajouté Kamira Nait Sid. Réagissant aux propos de Kamira Nait Sid, l’avocat et militant des droits de l’Homme, maître Sadeg, a indiqué qu’effectivement, l’État algérien gagnerait et devrait adapter sa législation interne à la législation internationale : «Il faut renforcer la loi interne pour qu’elle devienne conforme aux lois internationales», a plaidé maître Sadeg.

Aomar Mohellebi

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