Un témoignage historique de Mohand-Arezki Azzouz

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Les feux de la gloire ou l’épopée héroïque des Chem-chem est le premier livre de Mohand-Arezki Azzouz qui vient de paraître aux éditions Richa Elsam. L’œuvre se décline en un ensemble de textes qui traîtent de la guerre de libération en trois facettes distinctes.

L’auteur entame son récit par un petit survol de l’histoire de la conquête de la Kabylie, un aperçu subtil sur la conscience naissante face au colonialisme, le tout, agrémenté d’un récit autobiographique d’Ali Boutalbi dit Ali n Makouda, un valeureux et ancien maquisard.

Ce dernier récit venu d’un héros, qui se montre plus dans son côté honneur que dans celui de baroudeur, tient une place prépondérante dans ce livre. Riche en culture véhiculée par la parole, tout en restant fidèle à l’exigence de la vérité, ce récit relate l’histoire de ce moudjahid de la première heure.

Une irruption dans un quotidien fait de hauts faits d’armes mais aussi d’anecdotes d’un jeune sensible aux choses de la vie, profitant de chaque instant d’accalmie, sentant sans doute que son bonheur est très précaire. Son histoire est celle aussi de son chef, Chem-chem, un héros légendé par lui-même dans ce livre et ses compagnons mais, malheureusement écrasé par le destin car il trouvera la mort prématurément.

De Mizrana à Tala Bouzrou, de Takhoukht à Aït Farah, de Tala Guilef à Tizi-Ouzou, à partir de fragments de textes, ce livre dévoile ce temps mythique de la guerre pour l’indépendance. Pour mieux faire revivre le passé, l’auteur accomplit des retours symboliques sur le contexte de chaque événement.

Ce jeu d’association entre la narration autobiographique et quelques empreintes historiques, donne aux lecteurs un exposé structuré, évitant tout amalgame sur des souvenirs mal entretenus. L’auteur se défend toutefois d’avoir écrit un livre d’histoire. Il n’en a aucunement la prétention, déclare-t-il, catégorique.

Mais on ne peut pas toutefois faire la sourde oreille ou jouer à l’aveugle à tous ces éléments techniques, à commencer par les dates qui recèlent une grande puissance didactique. Désireux de plonger dans le fond du contexte, l’auteur explore, dans la première partie, jusqu’à ces fabuleux contes qui traitent de cette douleur ressentie et cette impossible résignation d’un peuple qui refuse le fait accompli.

Il plonge le lecture dans un univers d’histoire certes, mais aussi ponctué de passages allégoriques qui touchent tout un langage, à travers le chant ou la poésie, de résistance et d’héroïsme avant l’heure. Mais le pari de ce livre tient sans doute du défi de conjuguer ces trois différentes facettes: des scènes vécues, une histoire revisitée et la mémoire collective d’un peuple qui chante son destin dans ses sublimations de la vie et de la liberté.

C’est sans doute dans ce côté qui donne cette moralité à aimer la vie que ce livre s’affranchit de la condition d’un simple narrateur qui écrit ses mémoires. Que ce soit l’épreuve de douleur de ce moudjahid qui porte l’emblème de la mort sur son front, dont toutefois l’instinct de survie parvient toujours à le délivrer au dernier moment, ou une autre plongée dans cette période mythique, ce livre porte en tout cas en lui l’épopée de la gloire qui est celle de la guerre de libération.

Mais la méthode utilisée ici consiste à intérioriser le discours triomphaliste pour laisser place à l’hymne à la vie. C’est en ce sens que, peut-être, ce livre surprend et surtout rompt avec un procédé narratif où l’on cherche généralement à décrire plutôt des personnages (héros) parfois même en allant jusqu’à faire abstraction de toutes autres valeurs humaines.

D’ailleurs, certains de ses passages mettent en valeur d’autres personnages dont quelques uns connus pendant cette période là. Cette méthode narrative réaliste décrivant l’héroïsme collectif plus qu’individuel, rend plus transparente l’allégorie de la révolution. À la fin, le lecteur se rendra compte au moins que ce livre a évité l’écueil de la monotonie qui caractérise ce genre de récit.

Akli N.

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