Le prix du mouton flambe

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Il n y a plus de moutons à moins de l’actuel SMIG et si par hasard, on en trouve dans l’un des multiples marchés à bestiaux créés depuis quelques jours un peu partout à travers les différentes contrées de la wilaya, il s’agit souvent de petits agneaux.

« Combien demandes-tu pour tel mouton ? On m’a proposé tel prix mais moi, avec ce prix je suis perdant alors j’en demande un peu plus « . Ce sont là les principales phrases qu’on entend ces derniers jours à tous les coins de rue tellement les marchés à bestiaux pullulent. Du garage de mécanique à l’atelier de menuiserie en passant par les espaces verts, tout est bon pour les maquignons d’un temps d’espérer faire des bénéfices pour longtemps. Malgré la présence de cette kyrielle de revendeurs, y compris ceux dont c’est un changement temporaire d’activité et nouvelle activité complémentaire pour d’autres, les clients ne se bousculent pas. A quelques jours de l’Aïd el Adha, beaucoup de citoyens n’ont pas encore acheté l’incontournable mouton de l’Aïd, attendant une baisse salutaire des prix. Ils ont probablement raison car effectivement, il n y a plus de moutons à moins de l’actuel SMIG et si par hasard, on en trouve dans l’un des multiples marchés à bestiaux créés depuis quelques jours un peu partout à travers les différentes contrées de la wilaya, il s’agit souvent de petits agneaux ne répondant pas aux conditions du sacrifice rituel. D’ailleurs même celui proposé à un million et demi, il peut parfois être assimilé à ces derniers. De Kherrata à Tazmalt, les prix des moutons sont presque les mêmes allant généralement de deux à quatre millions selon le poids probable de la bête. De l’avis des spécialistes en la matière, la carcasse du mouton proposé à deux millions de centimes pèsera entre quinze et dix huit kilogrammes, le mouton moyen recherché par la majorité des ménages algériens, à savoir celui dont la carcasse pèsera entre vingt et vingt cinq kilogrammes de viande, coûtera entre 24 000 et 30 000 dinars et enfin ,celui des riches et des vaniteux, il dépassera la barre des trente mille pour atteindre parfois cinq millions et frôler le demi quintal de viande.  » Comme d’habitude, c’est pour faire plaisir aux enfants que j’achète ce coûteux mouton de l’Aïd mais cette année, je pense avoir fait une bonne affaire en allant l’acheter chez un ami à Sétif. Celui proposé à deux millions à Béjaia m’a coûté 4000 dinars de moins « . Le mouton de l’Aïd a tout le temps coûté cher dans la wilaya de Béjaia et pourtant, il n y a pas si longtemps de ça, beaucoup de montagnards élevaient des moutons et avaient parfois des troupeaux dépassant le millier de têtes. Mais où sont donc passés ces éleveurs et d’où ramène-t-on les moutons proposés actuellement à la vente? La réponse, on ne peut la trouver que chez les revendeurs. Lyes qui vient de s’initier à cette activité de maquignon occasionnel dira avoir eu des contacts par le biais d’amis communs avec de gros maquignons de Bou Saâda avec lesquels il a traité. Selon lui, les gros maquignons vendent par troupeaux de cent unités à un prix global pour tous les moutons de différents poids y compris trois ou quatre moutons handicapés donc invendables. C’est sur la base de ce montant global d’achat que le calcul des prix de vente des moutons se fait par Lyes et compagnie. Ce dernier avouera ne prendre que mille cinq cents dinars de bénéfice par tête, ce qui laisse supposer que les autres en prennent trois fois plus, à l’image d’un autre néo-maquignon qui propose des prix plus élevés que ceux de Lyes alors que lui aussi déclarera avoir acheté ses moutons de Djelfa, ville mitoyenne de celle de Bou Saâda. De fête religieuse sacrée, l’Aïd El Adha passe à la phase de sacrée occasion pour faire des gains faciles. Dommage pour le monde musulman !

A. Gana

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