Les nouvelles exigences de la proximité

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 Par  Amar Naït Messaoud

La journée du 14 juin marque le 11e anniversaire de la fondation de notre journal, La Dépêche de Kabylie. Ce fut exactement une année après la marche historique des jeunes de Kabylie dans la capitale, un certain 14 juin 2001, et qui se termina de la façon que l’on sait: une répression qui continua la logique de l’assassinat de Guermah Massinissa et des autres jeunes qui s’étaient soulevés contre le mépris et l’injustice. Dans le feu de l’action des premiers jours et mois au sein de la rédaction, le mouvement citoyen des aârchs trouva toute sa place, prépondérante, dans l’actualité que notre journal a eu à traiter. Autant dire que la plume des rédacteurs était, dès le départ, trempée et forgée dans le combat pour la liberté d’expression et la démocratie. Si La Dépêche de Kabylie est venue se rajouter, onze ans après le décret de 1990 autorisant des sociétés privées à investir dans le domaine de la presse écrite, aux titres nombreux qui l’ont précédée, ce n’était sûrement pas pour le plaisir d’allonger la liste des quotidiens algériens ni servir une propagande désuète. Le constat était fait que l’information de proximité dans ses volets sociaux, économique, culturels, sportifs et même politiques, avait besoin d’un canal d’expression qui soit à l’écoute de la jeunesse de Kabylie et soit au diapason des attentes de la population en matière de liberté d’expression. La vocation naturelle de notre journal était tracée dès le départ, même si une telle entreprise n’est pas de tout repos. Elle comporte non seulement une grande part d’efforts d’imagination et d’innovation, dans un contexte caractérisé  par un effarant recul du niveau de formation universitaire, mais également, une part de malentendus et d’incompréhensions dans une ambiance politique qui tarde à évoluer vers une saine maturité. Dans la foulée du parti et de la pensée uniques que les Algériens ont eu à endurer durant trente ans après l’indépendance du pays, les mentalités se sont figées dans des a priori idéologiques éculés, dans des stéréotypes de gestion hyper centralisée et dans la négation de l’esprit de citoyenneté. Passer de ce gouffre culturel, à une ouverture sur la société où l’individu est censé recouvrer son autonomie et sa place dans le Cité ne pouvait décidément pas passer comme ‘’une lettre à la poste’’. Il fallait, dans l’esprit d’ouverture politique initiée depuis 1989, même si les limites de cette entreprise étaient inscrites dans l’extrême difficulté de passer d’un régime politique vers un autre, faire tourner les regards vers la société profonde, l’individu, le citoyen, longtemps écrasés dans un pénalisant et stérilisant anonymat. Pour cela, la presse est toute désignée pour jouer ce rôle de sensibilisation et de conscientisation. L’idéal aurait voulu que les médias dits lourds (radio et télévision) fussent à la tête d’une telle mission. Or, les enjeux politiques étaient d’une telle complexité et ils le demeurent, qu’un tel saut qualitatif était, à l’époque, un luxe inenvisageable. Donc, la Dépêche de Kabylie investit le terrain pour espérer, en priorité donner ses lettres de noblesse à l’actualité régionale et à l’information de proximité un produit informationnel censé servir d’interface entre les élus, les gestionnaires locaux, l’administration et les citoyens administrés. C’est assurément un grand défi dont la difficulté et la noblesse se vérifient chaque jour sur le terrain. L’information culturelle n’est pas restée à la marge. Au contraire, notre journal a permis à des talents cachés, à des créateurs anonymes et à d’autres valeurs déjà établies d’être présentés pour enrichir le paysage culturel de la Kabylie. De même, le lancement, il y a quatre ans, d’un cahier spécial en Tamazight rejoint naturellement les objectifs premiers de notre journal destiné à servir, en premier lieu, le lecteur de Kabylie. Sans que l’on puisse établir tout de suite un bilan exhaustif d’un produit depuis longtemps attendu par nos lecteurs, les échos qui nous parviennent, principalement des écoliers, lycéens  et étudiants vont tous dans le sens d’une exaltante réalisation qu’il y a lieu d’étoffer et de parfaire. En évoquant le 11e anniversaire de la fondation de la Dépêche de Kabylie, l’on ne peut omettre de signaler la réception qui en est faite par la diaspora algérienne, et principalement de Kabylie, dispersée aux quatre coins du monde. Suivi pour ses infos de proximité et ses articles culturels depuis le Canada, la France, le Maroc, l’Allemagne et même l’Australie, notre journal voit certains de ses articles reproduits dans des sites que les éléments de cette diaspora ont créés pour garder le contact avec le pays. Ce sont là autant de raisons et d’éléments qui encouragent la rédaction de la Dépêche de Kabylie à aller de l’avant pour satisfaire une demande de plus en plus exigeante et diversifiée.

 A. N. M.

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