Pour les Béjaouis, le marché Philippe, datant de l’ère coloniale et sis à la haute-ville de Béjaïa, au quartier mythique de Bab Elouz, constitue un pan entier de l´histoire de la ville.
Il n’était pas seulement un Souk où l’on faisait ses achats, mais c’était un endroit de communion enthousiaste entre les citadins qui s’y donnaient rendez-vous chez le poissonnier, le boucher ou le marchand de fruits et légumes, à la sortie du boulot. Devant sa dégradation avancée, l’APC de Béjaïa avait lancé des travaux de reconstruction, en mars 2011, pour un montant de 4 milliards cinq cents millions de centimes. Selon la fiche technique du projet, le marché Philippe devait comprendre deux étages et avoir une cour. qui sera aménagée en un petit jardin qui offre une vue incomparable sur l’ensemble de la ville de Béjaïa. Après deux ans de travaux, ce marché a été inauguré officiellement, le 27 avril dernier, lors de la visite du Premier ministre dans la région, au grand soulagement des citadins, joyeux de redécouvrir leur marché fétiche. Mais, une fois que la délégation ministérielle quitta le territoire de la wilaya, les autorités locales ont procédé à sa fermeture. « Nous n’avons rien compris ! Lors de la visite du Premier ministre, l’on a inauguré officiellement le marché. Il y avait même des marchants de fruits et légumes qui y ont étalé leurs marchandises. Mais, le lendemain de la visite ministérielle, l’on a fermé le marché. Pour moi, s’est une fausse inauguration ! », s’est indigné un citoyen de l’ancienne ville. Pire, notre interlocuteur accuse les autorités locales d’user d’artifice pour tromper la délégation ministérielle. « C’est une pure tromperie ! On a amené le jour de la visite du Premier ministre, quelques marchands pour installer leurs marchandises à l’intérieur du marché pour faire croire au représentant de l’Etat que tout va bien et que le marché a repris ses activités, alors que les travaux ne sont pas achevés à ce jour », regrette notre interlocuteur. Pour rappel, le projet de réhabilitation du marché Philippe remonte aux années 90. Toutefois, le chantier a été suspendu, quelques temps après son lancement, en raison de la découverte de vestiges souterrains d´un four présumé datant de l´époque Hammadites. Il a fallu attendre deux décennies pour que les travaux de construction soient relancés en 2011. Les Béjaouis attendent avec impatience l’inauguration effective de leur marché.
Boualem Slimani