«Mes poèmes sont enseignés à l’école»

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Timsi Abderrahmane a fait son entrée dans le monde de la poésie par la grande porte, en publiant, en 2011, un recueil de poèmes venu enrichir la palette de la littérature en langue Amazighe. Nous l’avons rencontré lors d’une séance de vente dédicace et il nous a accordé cet entretien.

La Dépêche de Kabylie : Présentez vous à nos lecteurs ?

Timsi Abderrahmane : Je suis né le 25 avril 1964 au village de Tala Tinzar, dans la commune de Béni Maouche, d’où est aussi native la défunte chanteuse L’Djida. Mon père m’a envoyé à l’âge de quatre ans chez ma tante à Alger, où j’avais pu suivre un cursus scolaire jusqu’à la sixième année primaire. J’avais, donc, appris à lire et à écrire ce qui me permettait de composer moi-même mes poèmes. Mon retour au village s’est fait à l’âge de 12 ans.

Comment êtes vous lancé dans le monde de la poésie ?

Rares sont les personnes qui choisissent leur destin. Vivant dans un village où le manque de loisirs était criant et pour ne pas sombrer dans l’oisiveté j’ai commencé à composer des poèmes que je rédigeais sur une feuille à la pénombre de la bougie, dans une minuscule pièce. Une fois, lors d’une manifestation culturelle qui avait eu lieu à Trouna, on m’a offert un privilège de réciter mes poèmes qu’un animateur radio de la région a bien apprécié. Il m’a félicité alors pour ensuite me proposer un passage à la Chaîne II. Et je n’ai pas hésité un moment pour lui dire « oui ». Cela a été une occasion pour moi aussi de retrouver Alger. De 1988 à 1993 je passais régulièrement dans l’émission culturelle qu’animait Guerroudj Rabah. Les auditeurs de la Chaîne II, qui écoutaient mes poèmes, ont beaucoup apprécié mon talent et ceux qui me connaissaient m’ont conseillé de les éditer, me signifiant qu’ils auront du succès.

Mais pourquoi vous avez mis beaucoup de temps pour les éditer ?

J’ai décidé de quitter le village Tala Tinar pour m’installer avec ma famille à la ville de Seddouk, il y a quinze ans. Comme dans cette ville, il y a des infrastructures où s’organisent des manifestations culturelles dont j’étais devenu un adepte. Je ne ratais, d’ailleurs, jamais l’occasion d’assister à une festivité et de m’y produire. Entre temps, je peaufinais mon livre que j’ai présenté par la suite à plusieurs éditeurs qui n’étaient pas chauds pour le publier. Cela m’a permis de côtoyer des hommes de lettres dont l’un deux m’a présenté le gérant des éditions « Belles lettres » qui a accepté d’éditer mon livre. C’était en 2011.

Pourquoi avez-vous donné le titre «Ayemma» pour votre livre?

J’étais jeune quand mes parents ont divorcé. Je n’ai pas vu ma mère durant 16 ans. En étant adolescent, j’ai cherché à la retrouver. Mais toujours est-il quand j’ai noué contact avec elle, je l’ai vu que deux fois et elle est morte. Un être humain peut s’en passer de tout sauf de sa mère. Ça été vraiment une grande perte pour moi. Pour illustrer tout l’amour que je lui porte, j’ai voulu l’immortaliser en donnant à mon livre un titre tiré de l’un des poèmes que je lui ai consacré dans l’ouvrage.

Votre livre a-t-il eu le succès escompté ?

Même sorti en tamazight, mon livre a connu un succès. Certains poèmes sont enseignés même à l’école, car les enseignants les trouvaient pleins de sens. J’ai effectué plusieurs vente-dédicaces lors des manifestations culturelles, organisées par des associations ou organismes de la culture ou encore à l’occasion des salons du livre dans les stands de mon éditeur que je remercie au passage pour son assistance. Et dire que jusqu’à présent, je n’ai pas encore liquidé le quota de 1.000 exemplaires que j’ai édité. Il y a un manque de maisons de distribution du livre. Ce qui pousse les auteurs novices à faire eux même la distribution en proposant des dépôts à des librairies.

La poésie a-t-elle sa place dans notre pays ?

Il n’y a aucun souci pour ça. Tant qu’il y aura des poètes, la poésie existera comme elle a existé depuis des millénaires.

Le mot de la fin ?

« Un pays sans culture, c’est comme un homme sans langue », dit l’adage. C’est pourquoi je souhaite que la culture ait plus de considération dans notre pays. Et je remercie énormément votre journal qui m’a offert cette occasion de m’exprimer.

Entretien réalisé par L. Beddar

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