Il y avait des surprises à la clôture du premier Salon national des arts plastiques de Béjaïa, qui s’était tenu du 22 au 24 décembre dernier, au théâtre régional de la ville. L’initiative prise par la direction de la Culture de Béjaïa n’était pas évidente à réussir, mais le Salon a tenu toutes ses promesses. En réunissant des artistes plasticiens, peintres et autres sculpteurs venus de plus d’une trentaine de wilayas, les visiteurs qui ont été finalement plus nombreux que prévu, se sont délectés de la qualité des œuvres exposées. De plus, le Salon a organisé une table ronde sur le statut de l’artiste, avec la participation de nombreux acteurs de la scène picturale algérienne. Venus de Mascara, Mostaganem, Skikda, Annaba, Tamanrasset et d’autres régions du pays, Djamel Ben Ahmed, responsable à la direction de la Culture de Béjaïa qui a animé les débats, a ainsi donné la parole à toutes les personnes qui souhaitaient intervenir. Le débat a, donc, été ouvert, respectueux et de qualité. De simples visiteurs au professeur d’université en passant par les artistes, tous ceux qui ont demandé la parole ont ainsi pu s’exprimer, confirmant ainsi le rôle de Béjaïa comme pôle de dialogue, d’échange et de culture d’un certain raffinement. Les bougiotes ne semblent pas craindre les débats. Le dit Salon n’a pas manqué de rendre hommage aux anciens de la scène artistique algérienne, en général et locale en particulier. Béjaïa va-t-elle finir par s’imposer comme pôle de développement des arts plastiques en Algérie ? Au troisième et dernier jour du Salon, une cérémonie a été organisée pour remercier et honorer les artistes participants, en remettant à chacun un cadeau et une attestation de participation, sous les applaudissements des participants et le crépitement de flash des appareils photos, immortalisant ainsi l’événement. L’ambiance était bon enfant, et chacun s’est montré très satisfait des conditions de déroulement du Salon, malgré le fait qu’il n’en était qu’à sa première édition. Certains artistes ont même signalé leur plaisir d’être à Béjaïa, à cause de la qualité de l’accueil qu’ils y trouvent à chaque fois. Ceci dit, des insuffisances ont été signalées çà et là notamment le manque de publicité faite à l’événement, privant ainsi la population de profiter pleinement de l’opportunité. À la fin de la cérémonie, la parole fut donnée au directeur de la Culture de Béjaïa, M. Khellaf Righi, qui a prononcé le discours de clôture. Finissant son propos, il prit une guitare et se mit à interpréter une chanson qui a énormément ravi le public. Comme quoi, on n’est pas que fonctionnaire, mais également artiste. Après lui, Tahar Khalfaoui, dont nous avons parlé dans un article précédent dans ces mêmes colonnes, a usé d’une autre corde attachée à son arc d’artiste pluridisciplinaire. Reprenant la guitare des mains de Khellaf Righi, il se mit à interpréter une série de chansons, dont certaines de sa propre composition, encouragé par le public qui fut fort ravi. Chez les Khelfaoui, l’art est familial. C’est pourquoi il laissa la place à sa fille, l’artiste Rahima Khelfaoui, qui interpréta, avac sa magnifique voix, plusieurs chansons en kabyle, en anglais et en français, avant de laisser place au « Ôud », dans un climat de convivialité et de partage magnifiques. Personne ne s’attendait à ce que la fin du Salon se passe dans ce climat. C’est pourquoi la surprise fut si grande. Encore une fois, Béjaïa a montré la qualité de son accueil, son savoir-faire et l’aspiration de ses artistes à s’élever au-dessus des querelles stériles, pour se consacrer à la création dans tous les domaines de la culture : Cinéma, théâtre, musique, arts plastiques, etc. Le terreau est très riche et la volonté très forte. Pourvue que les portes restent ouvertes, pour permettre aux jeunes générations de prendre le relais et d’emmener l’art encore plus loin, pour le grand plaisir du public qui en redemande à chaque fois. De plus, les artistes venus de toutes parts, ne cessent d’encenser la ville pour ses nombreuses qualités et la beauté de son site. La création trouve ainsi dans la région, les conditions nécessaires à son développement.
N. Si Yani