La peur gagne le lycée

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Si, ces derniers temps, les habitants de M’Kira évoquent quotidiennement l’insécurité qui y règne au chef-lieu, personne ne peut rater de voir ce qui se passe aux alentours de l’annexe du lycée sur la route en allant vers Taka. Peu avant huit heures, les jeunes filles qui se rendent vers leur établissement sont attendues sur ce trajet. Non seulement, elles sont harcelées au quotidien, mais elles sont parfois bousculées si elles ne répondent pas aux injonctions de cette bande de délinquants qui rôdent dans les parages.  » Si certaines ont la chance d’être avec leurs parents dans leurs voitures, ce n’est pas le cas de la plupart d’entre nous. Je ne peux plus venir avant huit heures, car il fait encore noir en ces journées d’hiver. Dernièrement, l’une de mes camarades a échappé même à un enlèvement de force. C’est pour vous dire que nous sommes en danger », nous confiera une lycéenne sous couvert de l’anonymat. Dès la sonnerie de  seize heures trente, des bandes de jeunes se regroupent le long de la route et commencent à embêter les filles, allant parfois même à leur jeter des grossièretés. D’ailleurs, certaines d’entre elles nous avouent qu’elles souhaiteraient abandonner leur scolarité.  » Si cela continue comme ça, il vaudrait mieux quitter l’école que de subir peut être un jour un acte immoral qui nous briserait toute notre vie », ajoute une autre. Nous avons accosté ces filles après leur avoir décliné notre identité. Devant cette situation qui s’empire, les citoyens de cette commune insistent sur la création d’un corps de sécurité notamment des policiers qui sécuriseront, dans un premier temps et en urgence, les alentours du lycée.  » Certes, nous souffrons beaucoup de ce problème, mais, peut être, ce qui nous fait encore plus peur, ce sont ces voyous qui harcèlent nos filles. À ce rythme, le feu est dans la demeure. Et il ne faudra pas attendre le jour où l’une d’elles subira une agression sexuelle pour qu’ensuite commencent des lamentations. Prochainement, si ce problème n’est pas réglé nous essaierons de trouver un moyen en s’organisant en comité de vigiles pour assurer la sécurité de nos filles », nous confiera un autre parent. Les filles sont terrorisées à telle enseigne qu’elles ne quittent pas d’une semelle leurs camarades garçons.  » Nous les protégeons lorsqu’il le faut. Mais, je vous avoue que nous aussi sommes menacés. Ils portent tous des armes blanches. Parfois, même si on connaît la personne, sincèrement, on n’intervient pas », nous déclare un élève de terminale. Les décisions prises avant-hier, lors de la rencontre entre les responsables et les représentants des citoyens vont-elles aboutir sur quelque chose de concret ? Car, rien n’est encore fait, n’était ce débat ouvert à ce sujet. Notons, dans ce sillage, qu’il est temps que les divers corps de sécurité se déploient dans ces zones rurales livrées à elles-mêmes. Dans la région, trois communes sont dépourvues de ces corps. Il s’agit de M’Kira, Ain Zaouia et Ait Yahia Moussa. C’est la même insécurité qui y règne sur la route vers le lycée de cette dernière commune. Là aussi, les délinquants font leur loi, car personne n’y est sur place pour les dissuader. L’association des parents d’élèves avait déjà tiré la sonnette d’alarme, mais aucune réaction à ce sujet.

Amar Ouramdane

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