Ath Ahmed ne désemplit pas

Partager

Au lendemain de son enterrement, les gens continuent à affluer des 04 coins du pays pour s’incliner dans le calme à la mémoire du Moudjahid Hocine Aït Ahmed et à celle de ses aïeux auprès desquels il repose désormais, notamment sa mère et son grand-père cheikh Mohand Oulhocine.

Ils sont venus se recueillir, loin de la bousculade de la marée humaine de la veille, où des centaines de milliers de personnes s’étaient déplacées de toute l’Algérie pour assister aux obsèques et faire leurs adieux au dernier des chefs historiques de la lutte armée de novembre 1954.

Venus d’Adrar, de Ghardia et de Tamanrasset, des hommes, des femmes, des handicapés moteurs et des aveugles ont tenu à rendre un dernier hommage à un des pères de la révolution, celui qui était sur tous les fronts : la lutte armée, la diplomatie, mais aussi les droits de l’Homme. Une lutte à laquelle il a consacré toute sa vie, même après l’indépendance, pour instaurer un Etat de droit en Algérie. Mais, malheureusement, il n’était pas compris par ceux qui avaient pris le pouvoir en 1962, ou peut-être le jalousaient-ils, car c’était un intellectuel éclairé qui avait de l’avance sur ses compagnons d’armes qui ont fini par le contraindre à l’exil.

Mais il est demeuré un nationaliste né qui n’a jamais dissocié son combat de l’unité nationale, «n’en déplaise à ses détracteurs, aujourd’hui, nous pouvons le crier à haute voix car l’Histoire reconnait les siens. Et ce n’est pas le pouvoir en place qui l’a réhabilité c’est ce merveilleux peuple endolori et indigné par tant d’ingratitude du pouvoir envers ce symbole de la révolution dont les jeunes générations ne découvrent le parcours qu’après la mort, mais les héros ne meurent jamais !», s’exclamera C. Chérif, un fils de chahid d’Iferhounène.

Dans toute la région de l’ex-Michelet, les commentaires vont bon train et chacun y va de son analyse. Un groupe de gens se forme autour de nous et un ancien moudjahid dira : «Aucun patriote sincère ne peut rester insensible à la mort de Si L’Hocine». Un sympathisant du FFS dira quant à lui : «Le pouvoir qui organise des funérailles dignes d’un chef d’Etat à Aït Ahmed et reconnaît ouvertement son combat, notamment par l’instauration d’un deuil national de 08 jours. Et Si L’Hocine en choisissant d’être enterré dans sa Kabylie natale assène une gifle aux dirigeants successifs à la tête du pays.

Il ne fut pas seulement kabyle, car il n’a de leçons de nationalisme à recevoir de personne, preuve en a été le choix des prénoms qu’il a donnés à ses enfants et qui résume toute son appartenance à l’Algérie : Jugurtha symbolise les origines amazighes, Sallah Eddine l’Islam et sa fille Bouchra l’arabité. Il n’y a pas mille lectures à y donner, c’est clair comme de l’eau de roche», soulignera l’intervenant.

En conclusion, tout le monde s’est accordé à dire que la disparition de cet emblème «n’est pas une mort, mais une renaissance pour toute l’Algérie, une résurrection de l’espoir pour que les jeunes reprennent le flambeau de ce patriote humaniste de la première heure». Paix à son âme.

A.M

Partager