Tidjounane célèbre le 36e anniversaire du printemps berbère

Partager

S’inscrivant dans l’esprit du combat amazigh, l’association culturelle Azaghar du village Tidjounane a célébré à l’instar des autres régions de la Kabylie, le 36e anniversaire du printemps berbère d’avril 1980 et du 15e anniversaire du printemps noir 2001. Tout le mouvement associatif s’est mis de la partie dans l’unique objectif de marquer cette journée mémorable de la meilleure des manières. Ainsi, les membres dudit mouvement associatif de concert avec le forum de solidarité euro-méditerranéenne (FORSEM), ont concocté un programme d’activités riche et varié pour la journée du vendredi 22 avril. Ayant prévu le déroulement des activités dans l’enceinte de l’école primaire Chaibi Abdelaziz, sise au cœur de la mechta, les organisateurs étaient contraints de modifier un tant soit peu leur programme, car l’administration locale, en l’occurrence le chef de daïra, a refusé de leur accorder l’autorisation d’organiser cette fête à l’école susdite. Armés d’une volonté inébranlable, les organisateurs de cette festivité ne se sont pas voués vaincus, car la détermination et l’abnégation des enfants du village ont fait des pieds et des mains pour maintenir, vaille que vaille, cette festivité qui s’est déroulée dans le stade appartenant au village Tdjounane, mitoyen de l’établissement scolaire Chaibi Abdelaziz. Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge ! Le pouvoir algérien n’oublie pas ses vieilles habitudes en tenant mordicus à saper toute initiative visant à entretenir la flamme identitaire. «L’école primaire en question est construite par les propres moyens de nos pères et grand-pères afin de nous permettre d’accéder au savoir sans être appelés à parcourir des kilomètres. Aujourd’hui, les administrateurs locaux nous refusent le droit d’organiser cette fête dans l’école que nous avons construite. C’est l’arroseur arrosé!», nous avoue un membre de l’association Azaghar. Au demeurant, le programme concocté a eu, bel et bien, lieu en présence de la dame de fer, Kamira Nait Sid, présidente du congrès mondial amazigh (CMA) ayant animé une conférence sur la thématique du combat du CMA pour les droits des peuples Amazighs au niveau international. C’est en présence d’une foule nombreuse que la conférencière a entamé son discours qui n’a pas tardé à émouvoir l’assistance, venue en masse. «Tamazgha n’est pas née de la dernière pluie. Notre combat est de construire des ponts entre les peuples amazighs, notamment ceux de l’Afrique du Nord et faire valoir nos droits. Les régimes despotiques ont de tout temps œuvré à annihiler l’identité amazighe. Tamazgha ne mourra jamais tant que des hommes et des femmes veillent à ce que cette identité soit pérenne. Néanmoins, les dangers qui guettent notre identité sont légion, car Tamazight est l’une des langues menacées de disparition selon un rapport l’UNESCO», rappelle la conférencière. «L’officialisation de Tamazight n’est que de la poudre aux yeux. Ce pas franchi par l’État algérien vise avant tout à couper l’herbe sous les pieds du MAK. Cette motivation est dénuée de volonté politique pour la promotion de la langue amazighe», enchaine Mme Kamira. L’apport indéfectible de l’autre partenaire FORSEM, dont Zahir Harir, enfant du village Tidjounae, est membre actif au sein de ladite association fondée par des militants associatifs et des universitaires solidaires des soulèvements populaires dont certains pays de la rive Sud de la méditerranée payent un lourd tribut aux multiples exactions que subissent les peuples autochtones, est d’une grande utilité tant au travail d’éveil des consciences et de la lutte pour le combat amazigh. En effet, Zahir Harir ne s’est pas déplacé de la France à son village natal les mains vides, car des militants farouches de l’identité amazighe, Muha Tawargit et Amnay, ont fait le déplacement pour égayer les habitants du village Tdjounane avec une musique Chelhi fortement appréciée par les convives. «Nous essayons, avec les moyens du bord, de tisser des liens entre les peuples amazighs, que ce soit au Maroc, en Algérie, en Libye, en Tunisie, en Égypte,… nous devons travailler la main dans la main pour sauvegarder ce patrimoine culturel et cette identité vieille comme le monde», dixit Zahir Harir. En guise de clôture de cette journée commémorative, un gala artistique est organisé dans la soirée de ce vendredi. La troupe de l’association Azaghar,- Amar Amarni, Amnay et Muha Tawargit- a endiablé les villageois par des musiques rythmées et épicées d’une poésie suave. «Les difficultés et les embuches que nous avons rencontrées, nous avons tenu à ce que cette date soit marquée de la meilleure des manières et œuvrer de facto à pérenniser cette identité amazighe que nous tenons comme à la prunelle de nos yeux», nous dira Fayçal Chaibi, président de l’association Azaghar.

Bachir Djaider

Partager