S. Ait Hamouda
L’année qui s’en est allée est loin de laisser indifférent, celle qui a commencé non-plus. Celle qui rejoint le passé et celle qui propose l’avenir ont ceci de commun, elles se caractérisent pas un bon paquet de jours bons ou mauvais. On se souvient des bons moments et on efface de sa mémoire les jours en berne. En effet, les instants qui retiennent en éveil la mémoire sont bénis entre tous, et ceux qu’on oublie ne valent même la peine d’être évoqués, ne serait-ce que pour se les rappeler, à titre mémoriel, pour tuer le temps avant qu’il n’ait raison de nous, qu’il nous tue, qu’il nous pulvérise à jamais. Mais passons, le temps qui est fait pour nous autres mortels n’est il pas aussi périssable comme le sont les animaux, la végétation, le bâti et j’en passe. Formuler ce qu’on nomme les saisons, les jours, les mois, les années, pour animer une discussion de café de commerce, est en soi aussi vain que superfétatoire et ne sert à rien. Que l’on se mette à arranger, à agencer, à classer les jours de vaches maigres et d’opulence pour tout simplement leur donner du relief, de la tenue, voire de la poésie, n’est rien d’autre que des palabres pour dire quelque chose et ne pas rester silencieux comme une carpe. Aux temps anciens, on s’en foutait du temps qui passe ou qui vient, on se souvenait des saisons pour l’agriculture et c’est tout. Aujourd’hui, on n’agit qu’en fonction du temps qui se présente à nous au seuil de la porte et on ne la ferme pas. On dit au jour hôte «bienvenue et soit plus clément pour tous». Cela fait des décennies que nous répétons les mêmes rengaines, telle une antienne qu’on ressasse à n’en plus finir. Et à l’instant où l’on s’aperçoit des maladresses commises, on se cogne la tête contre la porte de l’année parce qu’elle a été belle quand même, malgré toutes les leçons assénées pour nous apprendre à vivre !
S. A. H.