Des jeunes de Tazmalt El Kef ferment le pont de Bougie

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C’est vers 10h que le groupe composé d’une dizaine de personnes a procédé à l’obstruction de la route qui relie les localités nord-est de la wilaya à la ville des Genets, à hauteur du pont de Bougie en usant de grosses pierres et de pneus brûlés.

Un grand bouchon s’est alors formé dans les deux sens de la route. Les voyageurs en partance de ou vers les localités de Ouaguenoun, Makouda et Tigzirt ont dû faire escale à cet endroit. Ce sont les transporteurs de voyageurs qui ont improvisé la solution en faisant descendre leurs clients aux extrémités du pont. Les voyageurs sont ainsi contraints de parcourir l’œuvre d’art à pied au milieu de la grande fumée noire que dégageaient les pneus en feu avant de prendre un autre fourgon de transport qui les achemina vers leur destination finale. Un décor qui rappelle les durs mois qu’ont eu à supporter ces mêmes citoyens à cause de l’effondrement par les pluies diluviennes de l’hiver 2004 de l’ancien viaduc.

Les protestataires nous ont été reconnaissables grâce à leurs voix qui se faisaient entendre de loin dans leurs tentatives d’expliquer leur geste aux automobilistes en nette désapprobation avec leur action. Ils ont même frôlé d’en arriver aux mains avec certains chauffeurs de poids lourds qui ne veulent pas emprunter le détour, long d’une trentaine de kilomètres, via Tamda pour rallier la RN12.

Mais ce n’est pas le cas pour la majorité des transporteurs de voyageurs, notamment ceux de Ouaguenoun en partance de Tizi-Ouzou, qui ont dû se plier à l’exigence des protestataires et parcourir le tronçon Tizi-Ouzou-Ouaguenoun en passant par Tamda l’exigence.

L’inique revendication des protestataires tournait autour de «la libération immédiate des personnes arrêtées samedi dernier et la levée de la saisie du matériel roulant que la police a mis en fourrière.» Pour le matériel saisi, il s’agit selon nos interlocuteurs de trois tracteurs agricoles servant comme moyen de transport du sable ainsi qu’une pelleteuse utilisés dans extraction du sable de l’oued.

«Pourquoi s’en prennent-ils à nous, préfèrent-ils qu’on se livre au vol, à la drogue pour gagner notre pain, de quoi allons-nous nourrir nos familles», tonnent les jeunes protestataires. Pour eux, l’interdiction d’extraire le sable se fait à deux vitesses : «On nous arrête, nous les petits pilleurs alors que la grande sablière de Seddiki cause chaque jour des ravages au lit de l’oued sans qu’il ne soit inquiété par les autorités.»

A peine ces mots lâchés qu’un grand mouvement de panique s’empara des manifestants postés sur les deux cotés du pont. L’intervention des éléments de la Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) pour dégager les lieux a fait fuir tout le monde.

Celle-ci, informée par les automobilistes selon les dires d’un policier, est arrivée sur les lieux à 12h30. Personne n’est resté sur place. Aussitôt, les policiers se mirent à dégager les pierres qui obstruaient la chaussée, mais le feu mis aux pneus est devenu gigantesque, ce qui a rendu impossible dégagement de la route à mains nues. Les policiers sollicitent alors l’intervention des sapeurs-pompiers qui mettent une demi-heure pour intervenir. Le casernement des pompiers est situé à moins d’un kilomètre du lieu de la manifestation. Ce n’est que vers 13h30 que la route fut dégagée et la circulation automobile a repris son cours.

Il y a lieu de signaler que les personnes arrêtées la semaine dernière ont été présentées devant le procureur près le tribunal de Tizi-Ouzou qui a ordonné leur mise sous mandant de dépôt pour «extraction de sable sans autorisation.»

M.A.T.

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