Farid Ferragui à Paris

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Le concert est organisé par Agawa Production. Farid Ferragui a rallié Paris il y a dix jours afin de superviser les préparatifs du gala qui s’annonce comme à chaque année grandiose. Avant son départ, Farid Ferragui nous a confirmé qu’il s’agit effectivement d’une tradition pour lui et ses fans, de se rencontrer à Paris chaque fin d’année et en Algérie pour la saison printanière. Il nous a confirmé qu’en mars 2008, sa tournée nationale est maintenue. Il a réaffirmé aussi qu’un nouvel album est actuellement en chantier. Son dernier album Assif n’Tudert a été un grand succès puisque Farid Ferragui, bien qu’ayant abordé d’autres sujets comme celui de l’existentialisme et de la mort, a également longuement chanté et consacré à ce thème inénarrable toute une face. Farid Ferragui chante depuis plus d’une vingtaine d’années. Bien que fuyant délibérément les feux de la rampe et les médias, cet artiste effacé mais très exigeant a su demeurer l’un de ceux qui rassemblent le plus de public lors de ses spectacles, rarement médiatisés par les médias lourds. Farid Ferragui a choisi d’être un chanteur indépendant même s’il faut en payer le prix. C’est pourquoi il a rejeté toutes les invitations et les offres qui lui ont été adressées par les pouvoirs publics malgré des cachets mirobolants que ces derniers lui ont fait miroiter. Pour la petite histoire, il faudrait rappeler que cet artiste a boycotté l’«Année de l’Algérie en France» à l’image d’autres chanteurs comme Takfarinas, Idir, Mohamed Fellag…malgré les rémunérations considérables qui leur ont été proposées. Farid Ferragui a expliqué son geste ainsi «il est indécent de faire la fête surtout dans un cadre officiel au moment où la Kabylie était toujours en larmes et n’avait pas encore pansé ses blessures». Il était aussi prévisible que Farid Ferragui ne pouvait pas renier ses origines berbères en cautionnant la scandaleuse manifestation : «Alger capitale de la culture arabe». Car Farid Ferragui, en plus de l’amour, a aussi chanté des textes engagés inhérents au déni identitaire dont la Kabylie continue d’être l’objet. Sans oublier ses chansons contre l’extrémisme islamiste, des chansons qui prônent un islam tolérant où la violence n’aurait pas droit de cité et où la tolérance serait le seul repère. Farid Ferragui est un artiste libre et il tient absolument à le demeurer. Libre vis-à-vis du pouvoir et de toute pression qui l’obligerait à tenir un discours en porte à faux avec le contenu de ses poèmes chantés depuis plus de deux décennies.

Ce choix lui a coûté très cher, puisqu’il ne passe pas à la télévision et rarement à la radio. Mais Farid Ferragui, en digne montagnard n’ignore pas que la liberté se paye mais permet de préserver sa dignité. Entre l’argent et la dignité, le choix est vite fait par le fils de Taka de Tizi Ghennif. Ses seules béquilles sont son public et…ses principes

Aomar Mohellebi

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