l Un ouvrage qui ne paie pas de mine, du moins à se fier à son titre qui suggère plutôt quelque histoire bucolique de l’arrière-pays ou le récit d’une saga témoignant l’attachement viscéral au pays profond. Il n’en est pourtant rien, car sitôt entamé, il met au lecteur de l’eau plein la bouche. “Toute la vie n’est qu’un voyage vers la mort”. Cette terrible citation de Sénèque, au même temps qu’elle évoque le mystère du trépas, nous rappelle notre condition de mortels. Un long cheminement, depuis les premiers vagissements de l’ici-bas jusqu’au grand saut dans l’au-delà et l’imprégnation avec le “goût de la terre” décrit sur un ton mordant, à la limite du sarcasme. Dans l’antichambre de la mort qu’est la vie, le personnage principal qui se fait encore quelque illusion sur sa destinée, se croit victime d’une plaisanterie de mauvais goût. Il croit dur comme fer de pouvoir échapper à la tombe et au goût de la terre. Mal lui en pris, car le piège fatal finira inéluctablement par se refermer sur lui, avec en sus, deux “fous” comme voisins d’infortune et, comble de malheur, la terre qu’il redoutait tant s’engouffrera dans sa bouche… Bref, un ouvrage, à la fois insolite et réaliste, avec tous les sentiments parfois contradictoires faits de remords, d’angoisse et de peur démesurée, celle que peut susciter chez l’homme son voyage vers sa destinée inéluctable.
Nacer Maouche
Le goût de la terre
De M’hamed Bouziane Larbi
Edition Dalimen, 2007