Un potentiel sans perspectives

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La commune de Yakouren est considérée comme une zone qui compte les massifs forestiers les plus importants de la wilaya. Sur une superficie totale de 7930 ha, 3730 ha soit 47% sont constitués de forêts dont les essences sont composées de plusieurs espèces, particulièrement de chêne zeen, chêne afarez et enfin de chêne-lièges utilisés comme matière essentielle dans maintes industries (bouchonnerie, industrie navale, spatiale…) Une activité qui remonte au temps de l’occupation française quand la forêt de Yakouren autrement dit Ath Ghobri était soumise à des exploitations intenses surtout durant les périodes 1914-1924 et 1939-1953, car le liège que produisent ses subéraies était le plus réputé de toute l’Afrique du Nord. En effet, le rôle social économique et écologique de la forêt n’est pas à démontrer. Mais parfois, il convient de le rappeler ce trésor naturel menacé subit de graves dégradations provoquées par le bruit des tronçonneuses et les décharges illicites qui y sont placées. Autrefois, l’homme était moins impliqué dans l’activité forestière mais aujourd’hui, il marque sa présence par la culture, surtout maraîchère et céréalière. Néanmoins, l’élevage de bovins, d’ovins et de caprins demeure l’activité agricole prédominante de la région. Outre que le financement ANSEJ a apporté un plus socioéconomique dont plusieurs jeunes chômeurs ont tiré profit. La commune est considérée comme station moyennement pourvue d’infrastructures : Restaurants, fast-food, cafés et un hôtel d’une capacité de 62 lits (hôtel Tamgout). Jadis, le tourisme à Yakouren avait connu une expansion considérable grâce aux potentialités touristiques qu’elle possède. Il y a lieu de citer les milliers de personnes qui venaient de partout et même d’outre-mer, afin de visiter ses splendides sites et saisir les vues panoramiques et pourquoi pas se permettre des randonnées pédestres et profiter de la fraîcheur climatique et emblématique de la région ? Ainsi donc, toutes les conditions sont réunies pour satisfaire les visiteurs et leur offrir l’occasion de passer un agréable séjour. Pour apaiser les soucis de vie et oublier le temps, ils ne désapprennent surtout pas de marquer une pause au niveau de la fontaine fraîche sise en bordure de la route nationale n°12 à 3 km du chef-lieu de la commune afin de savourer son eau minérale. Ce qui clôture une visite sûrement inoubliable ornée de beaucoup de souvenirs.Malheureusement cet épanouissement a connu une terrible rupture depuis 1994 pour les raisons d’insécurité qui ont porté de graves préjudices à ce secteur. Présentement, en dépit du regain de la quiétude, le tourisme n’a pas retrouvé son intensité d’auparavant vu la dégradation des infrastructures existantes. Plus ou moins, la réfection de la RN 12, traversant la commune, effectuée en 1999 a permis de redonner un souffle nouveau aux activités commerciales des commerçants y jouxtant, grâce aux voyageurs empruntant cette route qui est devenue l’une des principales portes menant vers l’Est du pays.En revanche, le tronçon Yakouren-Assif El Hammam, étant virageux, représente de nombreux écueils et menaces à la circulation automobile d’où la nécessité de conduire prudemment. Il n’en est pas de même pour les chemins communaux et inter communaux qui sont dans un état de délabrement très avancé, surtout avec les dégradations qu’ils ont subies la saison passée. Mis à part pour le chemin reliant le chef-lieu de la commune et quelques villages, en l’occurrence, Ahnif, Azrou et Chebel et suite aux doléances excessives des citoyens, l’Etat a pu débourser quelques millions pour le réaménagement sur 7 km. L’altitude de la commune (820 m) lui permet d’avoir une pluviométrie moyenne estimée à 1200 mm/an et d’avoir ainsi une chaîne hydrographique assez importante qui se constitue de plusieurs ravins et rivières dont : Ighzer Zegghane, Ighzer Oulaghmoun, Ighzer Hamam… Nonobstant ces richesses hydriques le problème du manque d’eau à Yakouren ne cesse de se poser avec acuité et cela est dû essentiellement à la vétusté des chaînes de distribution en AEP à laquelle s’ajoute la mauvaise exploitation des sources et des fontaines existantes. Les citoyens sont obligés de s’approvisionner de quelques sources sans se rendre compte des maladies qui peuvent être transmises à cause de l’absence de travaux d’assainissement et des fosses réalisées irrationnellement sans aucune autorisation des services d’hygiène de la commune.

ExodeIl convient de signaler que la localité sus-citée est en quasi-totalité montagneuse : nord-est, sud-est Ighil Bouzgou et Djebl El Abad 700-900 m, nord-ouest, sud-ouest, sommet culminant à 600-1000 m. Deux lignes de crêtes qui offrent à la région une vue on ne peut plus enchanteresse et panoramique. Ces lignes sont séparées d’un ravin plus doux en terme d’altitude (300-500 m) où se concentrent les habitations qui sont généralement éparses de quelques gros villages et de nombreux hameaux comptant 51,97% de la population totale. Le reste de cette dernière soit 34,93% sont concentrés dans les 3 importantes agglomérations de la commune en l’occurrence Aït Boubni, Aït Aïssi et Tighilt Bouksas, en plus des 14% habitant le chef lieu de la commune. Cependant, l’absence de plan de développement tant sur le plan économique que socioculturel permet à la région de marginaliser une force de travail appréciable. 17% de la population totale (11.780 selon le RCPE de 1998) sont des chômeurs qui cherchent sans cesse les moyens de subsistance. La plupart des activités exercées par ces riverains sont: tailler des pierres, couper du bois, pâturage en forêt, récolter du liège…Par ailleurs ces activités ne subissent aucune imposition, constituant une perte inestimable pour la trésorerie communale. D’autres jeunes désœuvrés choisissent forcément l’exode vers les centres urbains pour un job (Alger, Tizi Ouzou, Oran et Blida). Par conséquent, la seule force disponible sur le marché du travail est vieille. Ce qui laisse les jeunes livrés à eux-mêmes, verser dans le domaine de la toxicomanie qui prend d’angoissantes ampleurs ces derniers temps en l’absence de projet socioculturels. L’unique centre culturel que possède la commune de Yakouren construit dans les années 1980, n’est pas épargné pour abriter cette jeunesse désespérée et qui en a plus besoin pour étancher sa soif de culture. Le manque d’infrastructures notamment culturelles y est ahurissant.D’ailleurs, la piste y menant est rarement fréquentée, hormis le temps où il a été occupé par le groupe scout “Akfadou” qui a bien représenté la commune par ses divertissements culturels. “Après la disparition du groupe scout, vu les difficultés conjoncturelles la drogue a pris de l’ampleur, nous a déclaré un ancien membre dudit groupe. Surpris nous l’étions, lorsque ce dernier nous a révélé que cet édifice, “était privatisé et exploité à des fins purement commerciales sans que les pauvres désœuvrés n’en tirent profit même dans le cadre d’emploi de jeunes”. Laissant la veine aux associations pour l’occupation injuste de toutes les salles mis à part celles où se font les incommodes entraînements du club sportif YAK et où se réunissent les comités des villages pour débattre de l’ensemble des tracasseries qu’endure la région. Il convient de noter que suite à une louable opiniâtreté de quelques citoyens qui se sont constitués en association, la direction des activités culturelles a offert du matériel informatique destiné pour ce centre. “Décevant d’entendre que plus de 5 micro-ordinateurs sont bloqués au niveau de l’APC et que les jeunes intéressés par les initiations en informatique en sont dépourvus. On se demande pourquoi ils nous ont abandonnés à ce point ? ”, clame un jeune. En matière d’infrastructures sanitaires, la commission est dotée de plus de 4 unités de soins, 4 cabinets médicaux et une clinique. Cependant, suite au manque de moyens adéquats de la maternité, la majorité des naissances se font à l’hôpital d’Azazga.La région est équipée de 12 écoles primaires, un CEM et un lycée. Malheureusement, aucune structure de la formation professionnelle n’existe pour absorber les élèves déscolarisés. A tout cela, on peut ajouter que l’habitat est de type traditionnel dans presque tous les villages et mechtas. Parallèlement, un mouvement d’autoconstruction privée est enregistré durant cette décennie. Ce qui marque le signe d’aisance financière pour certaines familles bénéficiant d’une rente en devises (émigrés).Pour le reste des citoyens, vu leurs conditions précaires, les services de l’APC sont constamment harcelés par les demandes d’attribution d’aides pour la résorption de leurs habitats ruraux. C’est dans ce cadre que la CNJ a accordé un quota d’aide à l’autoconstruction, dont 60 demandeurs ont déjà bénéficié. L’expansion de Yakouren de par son fabuleux potentiel dépend essentiellement des pouvoirs publics et des investisseurs privés. Il est permis d’envisager des formules mixtes ou plurielles tout au long des quatre saisons de l’année pour saisir l’opportunité qu’offre son territoire : du tourisme vert en passant par le climatique à celui de la chasse.Enfin, Yakouren dispose du terrain d’assiette pour la réalisation d’équipements touristiques, qui plus est sollicite des promoteurs à investir dans ce secteur, pour lui redonner une vivacité dont toute une population a besoin.

Rabah Karèche

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