Le combat par l’image

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En 2003, à l’occasion du Festival international de cinéma, un prix d’excellence fut décerné au réalisateur de ces films documentaires, en guise de récompense.

De grandes compétencesPar malheur, on déplore de plus en plus un manque criard en matières d’infrastructures capables d’accueillir tant de produits comme ceux-là. Les amoureux du septième art se plaignent de cette pénurie évidente. A l’occasion du Colloque sur les nouvelles technologies du numérique et le cinéma, organisé au Centre international de presse (CIP) d’Alger, la semaine écoulée, des chiffres qui donnent la nausée ont été avancés. Au lendemain de l’indépendance, quelque 400 salles de cinéma étaient opérationnelles à travers l’ensemble du territoire national. Ce nombre est réduit actuellement à une trentaine de salles.

Quel gâchis !Pour revenir aux documentaires en question, d’aucuns seront peut être dans l’incertitude à propos du contenu. C’est alors qu’on a jugé utile de donner de manière succincte les différents synopsis.“Terre nourricière”C’est le titre d’un documentaire de 52 mn en Tamazight. Il relate la vie quotidienne d’une tribu de “Chorfa”, tirant de Fez ses origines historiques, culturelles et économiques; Cette tribu, dirigée par Sidi Ahmed et Sidi Abdenour, opta pour la sédentarité en ce lieu sis à 3 kilomètres de la ville de Béchar parce que le liquide précieux s’y trouvait en quantités importantes. Les deux chefs attribuèrent le nom de “Wakda” à cet endroit. Ils y édifièrent ainsi leur Ksar. Ce dernier reste aujourd’hui abandonné et est à l’état de ruine. Jusqu’alors, il n’est pas introduit dans le patrimoine national. Les “Wakdis” obtiennent toujours leurs vivres de leurs champs et de l’élevage. Ils accordent une grande importance à la terre. Leurs jardins et leurs potagers sont souvent établis à côté de leurs habitations. En un mot, ce documentaire constitue un support à comprendre les caractéristiques essentielles de la composante originelle des peuples maghrébins.

“L’artiste des immortels”Il s’agit d’un documentaire de mémoire de 52 minutes. On y découvre un talentueux jeune artiste de Kenada (petite localité située à proximité de Béchar) ayant recours à la technique dite de “sable”. Il reproduit des portraits de militaires, d’artistes, de journalistes, de policiers, d’intellectuels ou de simple citoyens lâchement assassinés durant la décennie noire, qu’à traversé l’Algérie. Ce documentaire est illustré par des commentaires en langue française sur le parcours professionnel ainsi que l’assassinat de ces martyrs du devoir et de la démocratie. De cette galerie de portraits on retient Tahar Djaout, Saïd Mekbel, Boudiaf, Matoub Lounès et bien d’autres.

“Le bonheur des autres”D’une durée de 26 minutes, il est réalisé sur la mine de Kenadsa. Houillère découverte en 1907 par un bûcheron autochtone, Bab Abdessadek et confirmée, après dix années, par un géologue français M. Flamand, vers 1914. L’exploitation de la mine commença avec le deuxième centre mis en valeur un peu plus tard. La quasi-totalité de la production était destinée à la métropole afin d’alimenter les fonderies et surtout remplacer les mines de France complètement anéanties, pour la plupart, durant la deuxième Guerre mondiale. Robert L’amoureux, illustre comédien du cinéma français, y travailla en 1947 en qualité d’agent de solde auxiliaire. Ce court film nous rappelle cette maxime qui dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres.Car, plus de 40 ans après le recouvrement de l’indépendance nationale, les anciens mineurs de Kenadsa continuent de périr, les poumons rongés par la silicose.

“La proie du désert”26 minutes. Il parle d’Isabelle Eberhardt, écrivain-journaliste d’origine russe, née à Genève, qui s’est reconvertie à l’islam pour prendre un nom musulman “Si Mahmoud”. Elle sillonna l’Algérie pour découvrir ses coutumes et traditions. Mais elle sera expulsée vers l’Europe. Là-bas, Isabelle se maria avec un Algérien dans l’espoir de pouvoir regagner l’Algérie, afin de poursuivre ses recherches à Aïn Sefra puis à Kenadsa. Elle parvint. Et, à son retour, elle séjourna durant trois mois, dans la zaouïa Ziania (Kenadsa). Elle tira sa révérence l’année 1904 à Aïn Sefra, à l’âge de 27 ans.Documentaire (52 mn), retraçant le passage de Charles de Foucauld à Béni Abbès. Cet ancien reclu de Nazareth décida de s’y fixer le 28 octobre 1901 pour fonder non pas un grand ni un riche monastère, non pas une exploitation agricole, mais une sorte d’un humble petit ermitage où quelques pauvres moines pourraient vivre de quelques fruits et d’un peu d’orge récoltés de leurs mains, dans une étroite clôture, la pénitence et l’adoration du Saint Sacrement. Ils ne sortaient point de leur clos, ne prêchaient pas, mais donnaient l’hospitalité à tout venant. Ils partageaient jusqu’à la dernière bouchée de pain avec tout pauvre, tout hôte, tout inconnu, bon ou mauvais, ami ou ennemi, et recevaient tout humain musulman, chrétien ou juif comme un frère bien aimé. Mais, Charles de Foucauld n’a rien pu fonder de son vivant. Ce n’est que plus tard, après sa mort, vers 1933 que la communauté des “petits frères de Jésus” est née à travers le monde entier. L’ermitage de Béni Abbès est devenu désormais un lieu de pélérinage qui rassemble souvent les disciples de Charles de Foucauld de pays différents désireux de vivre ensemble leur vocation.

Mohamed Aouine

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