Moitié plein ou moitié vide ?

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La décision de dissoudre les APC et les APW des wilayas de Tizi-Ouzou et de Béjaïa (à l’exclusion de celle de Bouira) qui prendra effet dès que l’habillage réglementaire et juridique sera achevé et celle de tenir des élections pour des mandats, dont la validité ne dépassera pas 2 ans pose, déjà, un problème de taille : une demi-mesure est-elle suffisante pour régler un problème complexe ? Le communiqué du Conseil du gouvernement, rendu public mercredi dernier, n’en souffle mot, mais la réalité sur le terrain donne un avant-gout de ce que sera l’application de ce scénario qui porte déjà les premices de son échec. Première question d’importance : qui se présentera pour un  » mandat  » suicidaire de 2 ans d’autant que dans l’état actuel des choses, les mandats de 5 ans ne servent pas à grand-chose ? Pourquoi la wilaya de Bouira n’est-elle pas concernée par cette décision, alors que, depuis 2002, 5 de ses communes sont sans P/APC alors que 8 autres ont-elles aussi leurs indus élus ? Au vu de ce qui s’est passé en 2002, le risque est grand de voir les communes sans exécutifs si la participation aux partielles (dont la date n’a pas été fixée) s’avérait être un fiasco en termes de chiffres, probabilité d’autant plus plausible que l’attrait pour la chose communale s’est amenuisée depuis que les « élus » ont passé plus de temps dans leurs chamailleries partisanes qu’à régler les problèmes (qui se sont entassés) touchant à la vie quotidienne du citoyen. Entre des mandats, remis en cause, qui n’ont fait que compliquer ce quotidien et une demi-mesure qui, annoncée comme un remède à une situation qui dérivait dangereusement en Kabylie, risque d’avoir l’effet contraire de ce qui est attendu par ses concepteurs et ses futurs promoteurs. Exit donc le programme spécial pour la Kabylie qui, après les « indus élus » aura à enrichir son jargon administratif de « demis élus » qui auront, s’ils se présentent aux élections, à subir les foudres d’une population qui désespérait de voir les problèmes, tels que ramassage des ordures ménagères, le revêtement des routes, la prise en charge des cantines et du transport scolaire, etc.Telle qu’elles sont présentées, les partielles ne régleront pas le problème de la gestion des communes vu le court délai imparti à cette légitimité qu’on veut faire recouvrer aux communes. Elles feront, de nouveau, de la Kabylie une région à part et retarderont de nouveau l’apport en programmes et en réalisations qui manquent cruellement depuis quelques années. En comparant les APC à de simples entreprises à privatiser, le précédent qui risque de se créer peut mener, à moyen et long termes, à des remises en cause des consultations populaires et, de recul en recul, à la décrédibilisation de la notion d’élection locale. Par cette série de demi-mesures pour des problèmes entiers, le gouvernement aura relancé à sa manière l’éternelle question : un verre à moitié plein est-il à moitié vide ?Autrement dit, y aura-t-il plus de légitimité avec la moitié d’un mandat ? Comme il éloigne de manière inquiétante toute solution durable pour la crise que vit la Kabylie depuis 2001.

D. B.

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