A chacun ses droits et ses devoirs
La colère peut s’exprimer autrement
Dans le sillage de l’avènement des ârchs et au-delà de l’idée de citoyenneté que le mouvement a plus ou moins véhiculé, est née cette culture de “contestation bitumale’’ dont le citoyen se serait volontiers passé. Prendre d’assaut les bitumes de nos villes pour y déverser une colère, généralement justifiée, est devenu un recours automatique qui coule de source. Il suffit qu’un individu parmi le groupe des mécontents lance son » ayaw ! (en avant !) », ce “cri de guerre” cher aux émeutiers, pour que, et d’une manière instinctive, la route carrossable soit fermée à la circulation, le siège de l’APC cadenassé… Il ne se passe quasiment pas une journée sans que l’on signale, çà et là à travers les territoires de la Kabylie, une artère jonchée de pneus en feu et autres détritus. La dernière contestation en date de cette nature a défrayé la chronique de Tamda, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Le propos n’est pas bien entendu de remettre en question le droit de protester et encore moins de “phraséologer” sur le mobile de la contestation. En fait, il s’agit de souligner que la colère, quelle que soit son origine, peut toujours s’exprimer autrement et prendre d’autres contours que ceux qui consistent à interdire le bitume à la circulation. Nous ne comprenons pas en quoi une colère exprimée en se rassemblant sur une place publique est moins “rentable’’ que celle musclée traduite en bloquant une route. En fait, la seule différence est que la seconde démarche pénalise le citoyen qui vaque à son quotidien et la première, la démarche civilisée, ne pose aucun désagrément à ce même citoyen qui pourrait même trouver le temps d’apporter d’une manière ou d’une autre son soutien aux protestataires. » Basta ! « , serait en droit de hurler le citoyen empêché d’arriver à temps à l’aéroport, sur son lieu de travail ou encore, et c’est plus dramatique, d’arriver le plus vite possible à l’hôpital pour y bénéficier des premiers soins d’urgence.
T. O. A.