Loin de Gaza, la Maison du Peuple

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Même les petits malins de l’Alliance présidentielle qui ont cru géniale l’idée d’aller chercher quelques supporters du club d’El Harrach meubler les travées de la Maison du peuple en ont eu pour leurs frais. Si la virée gratuite avec le sandwich en prime trouve toujours preneur par les temps qui courent, la “discipline” reste improbable et le résultat donc hypothétique.

Mais Belkhadem, Chorfi, Soltani et Hanoune, s’ils n’ont pas retenu toutes les leçons de l’Histoire récente du pays pensaient qu’ils pouvaient aller aussi loin que la foule dans l’élan démagogique pour pouvoir parvenir à une parfaite harmonie. La “réussite” du meeting de solidarité avec les Palestiniens de Gaza était à ce prix. Ses dividendes internes aussi. Et à défaut de faire adhérer la foule à leur propre discours, les représentants de l’Alliance présidentielle étaient prêts à lui servir les mots d’ordre qu’elle attendait. Ce n’était apparemment pas suffisant et le maire de Sidi M’hamed l’a compris, lui qui s’est saisi, avec un rare enthousiasme, du micro pour répéter de pathétiques Allah Akbar derrière des islamistes véhéments et maîtres des lieux. Que pouvaient donc faire et dire les organisateurs de cette manifestation qui, par ailleurs, disent la même chose que Ali Benhadj sur ce qui se passe en Palestine et sur ce qui doit être entrepris comme riposte ? Manifestement, rien. Découvrant trop tard qu’on ne peut pas “impunément” développer un discours sur les questions internes et un autre sur le drame palestinien, ils n’ont pas eu le temps de mesurer l’étendue de leur aventure dans un terrain miné, au propre et au figuré. Autre méprise de taille, les dirigeants de l’Alliance présidentielle, dans leur europhie, ne devaient pas savoir de quoi était faite l’assistance. Eh bien, le déroulement de la manifestation le leur fera découvrir : Ali Benhadj et ses partisans, peu nombreux mais convaincus et déterminés à faire entendre leur voix y compris -ou surtout- en débordant largement sur l’objet du rassemblement.

Les majorettes des organisations de masse qui pensaient aller soutenir la Palestine en faisant tournoyer le kefieh sur des airs de Marcel Khalifa. Et puis le reste, exposé à tous les vents, capables de donner du “Mouloudia Chouban El Assima” comme du “Alaïha Nahia Oua Alaïha Namout.” Dans ce décor un peu prévisible, il était clair que la voix de Belkhadem et les autres n’allaient pas porter bien loin. D’abord parce qu’il eût fallu qu’elle trouve relais dans la salle où ses partisans supposées n’étaient pas prêts à en découdre avec ceux qui sont spécialement “venus pour ça.” Il eût fallu ensuite mobiliser ceux qui sont sincèrement touchés par la cause palestinienne, et ceux-là étaient terriblement absents faute de crédibilité des “inviteurs.” Là était, sans doute, toute la question.

S. L.

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