De nos envoyés spéciaux au Soudan :
Yahia Maouchi et Yacine Imadalou
Flanqués dans leur majorité de drapeaux et d’emblèmes nationaux, les fans des Verts qui sont venus des 48 wilayas du pays ont réussi a sortir Khartoum de son train-train quotidien et surtout à gagner la sympathie des Khartoumis qui ne cachent désormais plus leur penchant pour les protégés de Rabah Saâdane en participant activement au défilé avec les Algériens. “Nous espèrons tous ici à Khartoum que l’Algérie arrachera le ticket du mondial”, souhaitent-ils, avant le match, ardemment même si on a pu rencontrer certains d’entre eux qui se déclarent supporters de l’Egypte. Lors de notre virée dans les différents quartiers de cette capitale, nous avons remarqué l’absence quasi-totale de ces fameux Egyptiens. “Où sont-ils cachés ces fuyards ?’’ s’interroge l’un de nos supporters. Même constat à la ville d’Oum Dermane et à El Bahri, qui se sont habillées aux couleurs des Fennecs. Malgré la fatigue qui se lit sur leurs visages du fait qu’ils ont peu dormi et peu mangé durant leur ‘’séjour’’ dans ce pays accueillant, les inconditionnels des Verts ont fait preuve d’un élan de générosité et d’un attachement inégalables envers les coéquipiers de Antar Yahia et consenti d’innombrables sacrifices.
Les Soudanais avec les Verts avant et après le match …
Personne au Soudan n’a oublié que lors du match Soudan-Tchad – il y a deux ans –, tous les Egyptiens ont supporté avec ferveur les Tchadiens. “Nous ferons de même avec les Algériens, en nous rangeant de leur côté. Soyez certains qu’à Khartoum il vous semblera que vous êtes en Algérie, d’autant que le peuple soudanais a attendu avec impatience ce grand match pour rendre la pareille aux Egyptiens”, révèle un Soudanais. Nombreux sont les Soudanais à supporter les Fennecs, avant et après le match, afin de composter leur billet pour la qualification au prochain mondial qui aura lieu rappelons-le en Afrique du Sud. De quoi épauler et prêter main-forte à nos supporters qui se sont sentis un peu orphelins au Caire, où ils avaient vécu l’enfer. “L’essentiel c’est que vous ayez décroché le fameux sésame. Vous avez réussi à renverser la vapeur et revenir ainsi de la qualification de notre capitale” dira à tue-tête un supporter soudanais.
Des supporters algériens en or…
Ils sont des milliers à affluer à la capitale soudanaise pour soutenir leur équipe nationale, lors de ce match décisif de qualification. C’est un vent venu d’Algérie qui souffle sur Khartoum. Le drapeau national coiffe plusieurs automobiles. Tout le monde porte des chapeaux coniques, des pantalons et chemises aux couleurs de l’Algérie. Des supporters se sont déplacés à Khartoum avec absolument rien dans les poches. En Algérie, ayant appris qu’il y avait des vols, ils se sont dirigés vers l’aéroport pour aller au Soudan et il y a eu même ceux qui sont venus par route. “La capitale soudanaise n’a pas accueilli un tel pèlerinage footballistique depuis la Coupe d’Afrique des nations de 1970, seul sacre d’ailleurs du Soudan dans le grand championnat africain, car elle est peu habituée aux grands rendez-vous internationaux, nous dira Hacéne, notre guide dans cette capitale. Tous les hôtels de la capitale ont affiché complet deux jours avant de ce grand match. “Ils nous ont battus en Egypte, pour cela, nous sommes prêts à en faire de même. Nous ne voulons pas nous battre, nous voulons un match propre, mais s’ils nous cherchent nous allons défendre le drapeau », nous avertit un de nos supporters qui a fait le déplacement des Etats-Unis pour assister au match. “Si nous nous sommes déplacés jusqu’au Soudan, c’est parce que nous sommes confiants de la victoire finale”, nous affirme un autre supporter. Cependant et conscients de l’animosité qui s’est installée entre l’Algérie et l’Egypte, on craint des débordements entre les deux galeries et dont les conséquences seront sans doute tragiques. Pour cela quelque 15 000 policiers ont été mobilisés pour intervenir en cas de débordement avant, pendant et après le match.
“Le match aurait pu prendre une telle ampleur si les supporters des deux équipes se sont rencontrés dans le stade ou dans la rue.
Ce n’est qu’un match de football après tout car malgré tout ce qui se dit de part et d’autre, qu’on le veuille ou pas, les peuples algérien et égyptien restent frères et amis”, tempèrent des supporters algériens. Ce qui dément ainsi les rumeurs des médias égyptiens, qui ont montré des images de violence à l’encontre de leurs supporters, telle El Hayat et Dream, qui veulent ainsi attiser la haine entre les deux peuples. Le stade Al-Merrikh d’Oum Dourman a une capacité de 41 000 places mais les autorités limiteront à 35 000 le nombre de spectateurs pour des raisons de sécurité. Environ 9 000 sièges ont été réservés à chaque extrémité du stade pour les supporters de chacune des équipes, mais nos supporters ont eu la grande majorité des sièges vu leur nombre important.
L’aéroport d’El Khartoum a fait les frais…
Ils étaient des milliers à envahir l’aéroport d’El Khartoum, dés la fin du match. Ils voulaient tous renter au pays. Devant cette situation, les forces de sécurité engagées pour la sécurisation de cette infrastructure, étaient dépassées. C’était la pagaille totale, la situation a dégénéré et les “hooligans” ont détruit tout ce qu’ils ont trouvé devant eux. La façade de l’entrée ainsi que les portes ont été carrément saccagées. A l’intérieur, les scanners n’ont pas été épargnés. “Les services de sécurité ont laissé faire”. “Nous voulons seulement rentrer chez nous, on est fatigué, j’e n’ai rien mangé depuis trois jours” lance à tue-tête un fan des Fennecs. “Nous déplorons le laisser-aller de notre ministère de la Solidarité qui nous a laissés seuls à Khartoum, sans aucune prise en charge.
J’ai passé deux jours dehors sans aucune couverture, ni nourriture” dénoncera un autre supporter. Notons qu’après la fin du match, la situation est devenus très tendue, vu le nombre de supporters qui ont débarqué à l’aéroport. Mais où sont donc passés les avions d’Air Algérie ? A-t-elle délaissé ses passagers qui ont passé des nuits blanches sous les coups de matraque des forces de sécurité.
C’était la pagaille totale à l’intérieur et à l’extérieur, devant l’indifférence totale de nos délégations. “Je n’ai jamais cru que la situation dégénère à ce point. On a vécu l’enfer à l’aéroport, devant l’indifférence totale de notre délégation” déplore notre interlocuteur. En dépit de ce qui s’est passé au Caire et à Khartoum, les supporters algériens se sont distingués par leur fair-play. Ils ont su bien supporter les coéquipiers de Ziani, qui leur ont offrert la qualification au prochain mondial qui aura lieu à Johannesburg en Afrique du Sud en juin prochain.
Yahia Maouchi