La ville de Djanet, wilaya d’Illizi, commémore la mort de Athmani M’Barek dit Bali, chantre de la chanson Touarègue, décédé le 17 juin 2005 à l’âge de 50 ans. L’artiste qui avait été emporté par les crûes de l’oued Idjiriou de la ville de Djanet, a emporté avec lui une partie de ses chansons et musiques ancestrales, transmises de génération en génération par sa famille du Tassili N’Ajjer, souligne son ami d’enfance et de classe, M.Abdellah Abdou Ali, (52 ans) natif de Djanet.
De l’école coranique de Tin Khatma en 1963, à l’unique école primaire de Djanet, puis au secondaire à Tamanrasset, Bali allait forger son destin de chanteur à partir du lycée où ont été décelés ses premiers talents d’artiste danseur de la troupe du lycée, se rappelle Abdou Ali. Après la création de sa propre troupe musicale en 1987, Othmane Bali commença à se déplacer vers la capitale et à participer aux différentes manifestations culturelles, nationales et internationales, précise Ali Abdou. “La relève doit impérativement se faire, sans quoi c’est toute une facette du patrimoine musical de la région de Djanet (Tassili) qui sombrera inexorablement dans l’oubli», a estimé Abdellah Abdou Ali pour qui ‘’Bali a de tout temps été une grande référence, car maniant son Luth avec amour et art, a aussi été un ambassadeur de la musique et de la chanson targuie de l’extrême Sud-est du pays et de Djanet en particulier”. Mebarek Athmani, mieux connu sous son nom d’artiste Othmane Bali (né en mai 1953 et mort tragiquement le 17 juin 2005) était un chanteur à la voix chaude qui interprétait ses chansons dans le style du Tindi, un genre musical puisé des entrailles de Djanet sa région, dont il a contribué à faire découvrir au public dans quatre coins du monde. Né à Djanet, dans l’extrême sud est algérien, au sein d’une famille de mélomanes et de poètes, il est bercé par la musique de sa mère, grande chanteuse de Tindi. Virtuose du luth, un instrument qu’il avait découvert au début des années 70, alors qu’il était technicien de la santé à l’hôpital d’Ifri à Djanet, il écrivait des textes en Tamacheq et en arabe, saupoudrant parfois ses couplets d’un peu de français, inspirés des traditions orales touaregs, “les Tissiouayes”. Auteur, compositeur, interprète, il a rehaussé la musique targuie et lui donne une dimension universelle. Tout en étant respectueux de la tradition, Othmane Bali était aussi ouvert aux fusions et aux métissages. Il avait notamment enregistré trois albums avec l’Américain d’origine indienne Sherokee Steve Shehan et une belle aventure musicale avec le jazzman français Jean-Marc Padovani. “Othmane Bali a été un immense artiste qui a su redonner à la musique targuie ses lettres de noblesse et forcer une reconnaissance universelle pour sa valeur réelle», “sa disparition est une grande perte pour la scène artistique algérienne», ont estimé les chanteurs Miloudi Choughli (Djanet), Bekkache Allouani et Ariala Messaoud (Illizi). Pour sa mère, Hadja Khadija, Othmane Bali, qui chantait le désert de sa voix profonde et sucrée et racontait l’espace infini et le vent dans les dunes, est retourné à la source. “Son blues saharien restera pour toujours dans nos cœurs et nos esprits”. “Pour mon fils défunt, Othmane Bali, la musique était une histoire de famille. C’est moi même, qui lui ai transmis ce genre musical touareg, en même temps que la vie. Othmane avait été bercé par mes chants et mes poèmes”. Nabil Bali est le fils de Athmane Bali, chanteur, joueur de luth, célèbre poète des Touaregs d’el Ajjer de Djanet. A l’âge de 13 ans son père lui offre une guitare classique. Il apprend tout seul, puis rejoint la troupe paternelle avec laquelle il joue aussi de la percussion (derbouka). Après la mort de son père, Nabil décide de reprendre le flambeau, et participe déjà avec la troupe “Tahijal” à plusieurs tournées à différents festivals d’été (France et l’Italie), a indiqué son épouse Zineb.
