La police sévit contre la débauche

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Ces dernières semaines, et depuis l’installation d’un nouveau responsable de la Sûreté urbaine, l’on assiste à Tigzirt à une véritable opération ciblant les milieux de débauche et autres maux dont cette localité est victime ces dernières années.En effet, aidés par la population qui ne cesse de rédiger des pétitions, les services de sécurité ont procédé à la fermeture de plusieurs établissements s’adonnant à des pratiques non-conformes à la réglementation où l’exercice illégal du commerce d’alcool. Sur un nombre qui avoisine la trentaine de lieux de vente d’alcool et d’établissements hôteliers, une grande partie d’entre eux ont été fermés par la police après qu’il se soit avéré qu’ils exercaient illégalement ou s’adonnaient à des pratiques non-conformes à la loi et à la morale. Il y a quelques semaines, cinq femmes et un gérant d’hôtel ont été appréhendés et écroués pour proxénétisme. Ladite campagne sera prolongée dans le temps, nous a-t-on informé. Désormais, les patrons de ces lieux investis dans ce créneau seront soumis à une surveillance minutieuse et contraints de respecter à la lettre les lois et la réglementation en vigueur. Parmi les établissements scellés, l’on retrouve de grands hôtels censés contribuer au développement d’un véritable tourisme à Tigzirt. “A la grande surprise de tous, certains de ces commerces n’ont jamais eu les autorisations et le registre du commerce nécessaires pour l’exercice de leurs activités. Pire encore, ces établissements exercent dans l’impunité et défigurent l’image de cette ville, au grand dam des habitants de cette région qui se sentent acculés et impuissants”, nous déclara un citoyen de Tigzirt. Selon un élu de cette localité, “il y va de notre dignité à tous. Nous devons nous unir pour contraindre ces établissements à se conformer à la loi”. Il y a quelques temps, nous avons rencontré un responsable de la réglementation à la mairie de Tigzirt. Nous avons été surpris de constater que la plupart des articles relatifs à l’exercice de l’hôtellerie et la vente d’alcool n’ont pas été respectés. Ainsi, à titre d’exemple, la délivrance d’une autorisation de vente d’alcool est soumise à la condition de proportionnalité d’un bar pour chaque 1 000 habitants. Alors qu’à Tigzirt où l’on compte près de 5 000 résidants, l’on compte plus d’une quinzaine de débits de boissons alcoolisées. Profitant de la conjoncture difficile que traverse la Kabylie ces dernières années suite à l’avènement du terrorisme et les évènements du Printemps noir, l’on a assisté à une course effrénée vers ce triste commerce aux gains faciles. C’est ainsi que l’on est arrivé au triste adage qu’à “Tigzirt, entre deux bars, il y a un bar”. Comme si cette célèbre ville millénaire et touristique ne mérite pas un meilleur sort que celui que des circonstances injustes voudraient lui infliger.Selon un responsable de la police de Tigzirt, “cette opération ne cible pas uniquement Tigzirt mais elle concerne toute la wilaya, car bien d’autres villes et localités souffrent des mêmes maux”.

Une requête pour le wali de Tizi OuzouEn parallèle aux services de sécurité, la société civile à son tour commence à réagir d’une façon civilisée et organisée en vue de mettre un terme à cette monstrueuse réalité. Des réactions se font à travers des requêtes suivies de pétitions adressées aux autorités locales et au wali de Tizi Ouzou. La dernière en date, dont une copie nous est parvenue, a été adressée au wali de Tizi Ouzou le 24 mai dernier et a été signée par plusieurs centaines de personnes. “Tigzirt, une ville paisible et bien accueillante mais des marchands d’alcool et de vices de toutes formes avec leur cohorte d’insécurité et de malvie y ont rendu la vie insupportable”, pouvons-nous lire dans un passage de cette requête adressée au wali. Plus loin, ces citoyens dénoncent avec force la situation presque chaotique dont la ville est victime. “Avec un recul de 15 ans environ, des individus sans foi ni loi se sont mis à créer des lieux de débauche avec alcool, drogue et prostitution à ciel ouvert, au point où les paisibles habitants ont pris peur pour leurs familles”. Et d’enchaîner : “La situation s’est aggravée au fur et à mesure du temps, d’autant plus que ces individus agissent impunément malgré les plaintes de la population auprès des autorités de l’époque”, déclarent-ils.Les rédacteurs de cette plainte soulèvent la passivité ou la complicité des responsables ces années où le phénomène a pris des proportions inimaginables. “Il a été découvert des établissements illicites qui exercent depuis plus d’une décennie sans la moindre autorisation et qui n’ont jamais été inquiétés auparavant”, peut-on toujours lire dans cette lettre. Les rédacteurs ont salué la nomination du nouveau wali de Tizi Ouzou et celle du nouveau chef de la Sûreté urbaine de Tigzirt. Ils ont qualifié les décisions de ces deux responsables d’énergétiques, la décision de fermeture des bars et de la lutte sans ambages menée contre la prostitution. enfin, ces citoyens de la ville de Tigzirt ont annoncé leur adhésion totale et leur soutien au nouveau commissaire de Tigzirt. Par ailleurs, un responsable du tourisme à Tigzirt nous a, lui aussi, exprimé sa satisfaction suite à la réaction des services de sécurité contre ces pratiques malfamées. “Enfin, notre ville commence à être débarrassée de cette pollution humaine (prostitution) qui a affecté énormément le tourisme et la bonne réputation de notre région”, nous a-t-il déclaré.

Un appel laconique et anonyme pour un sit-inIl y a quelques jours, un appel anonyme et mystérieux a été placardé à travers la ville et par lequel l’on a appelé à un rassemblement devant le siège de la daïra prévu pour ce dimanche, à 10 h : “Nous invitons les citoyens à dénoncer une énième fois les pratiques maffieuses et l’abus de pouvoir de la part des autorités locales et de l’administration à tous les niveaux confondus”, peut-on lire à travers ce tract. Ledit appel anonyme serait attribué aux propriétaires des établissements en question.Un des propriétaires rencontré nous a exprimé son sentiment à ce sujet : “Pourquoi après 15 ans d’exercice, on nous demande aujourd’hui de fermer”, nous déclare-t-il. Et d’enchaîner : “Pourquoi c’est seulement Tigzirt qui est visé par cette opération ?”, se demande-t-il. Ce jeune propriétaire accuse les élus et les milieux intégristes d’être derrière cette campagne.De leur côté, les citoyens accusent ces propriétaires de “mercantiles” qui ne cherchent que la fortune au détriment de la dignité des habitants de cette région. D’ailleurs, pour signifier leur opposition, des citoyens ont déchiré les tracts placardés sur les murs de la ville. A vrai dire, Tigzirt bouillonne sous cette campagne. Une certitude tout de même, la ville a changé d’image ces dernières semaines. Les dizaines de filles, voire les centaines, venues pour la plupart des villes de l’Ouest du pays se font rares. Les débits de boissons alcoolisées commencent à retrouver leur image d’autrefois. “C’est historique, après des années de vie sous le diktat de l’avilissement, notre ville est en train de recouvrer sa dignité et d’en finir avec ce fléau qui nous a empoisonné la vie”, nous a déclaré un quinquagénaire de Tigzirt. A noter, enfin, que ladite opération ne concerne pas seulement Tigzirt-ville, mais elle s’étend sur toute la côte Est qui a vu ces dernières années la prolifération de ces fléaux.

Belkacem B.

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