Ces artisans de Tafsut imazighen

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Dans son livre : « Avril 80, un des 24 détenus témoigne », Arezki Abboute raconte avec des détails édifiants toutes les étapes ayant émaillé le printemps berbère. Dans cet ouvrage très émouvant, ce qui retient plus l’attention, ce sont les conditions lamentables de détention d’Arezki Abboute, qui sont aussi celles des vingt-trois autres prisonniers politiques de cette étape charnière de l’Histoire du combat identitaire amazigh.

Malheureusement, les artisans de cet événement politique et historique n’ont pas tous eu le réflexe d’Arezki Abboute qui a laissé son témoignage authentique et oculaire aux générations futures. Pour sa part, Arezki Ait Larbi, l’un des vingt-quatre détenus également, a coordonné un livre, premier du genre, sur ces événements puisqu’il s’agit d’un ouvrage collectif où il donne la parole même aux parties qui étaient au pouvoir à l’époque et qui avaient eu à intervenir d’une manière ou d’une autre dans la gestion de ce dossier.

Le livre a pour titre : « Avril 80, insurgés et officiels du pouvoir racontent le printemps berbère ». Malgré qu’il ait écrit environ dix livres, Mokrane Chemim n’a pas encore livré son témoignage, lui qui est pourtant un grand militant de la cause berbère. Mouloud Lounaouci a livré plusieurs fois ses témoignages écrits dans de longs articles de presse publiés généralement lors des anniversaires du printemps berbère. D’autres acteurs de premier plan du combat identitaire amazigh et faisant partie des 24 détenus d’avril 80, sans aller jusqu’à écrire des livres, ont toutefois livré leurs versions écrites ou filmées de cet événement historique, à maintes reprises.

C’est le cas, entre autres, de Said Khelil, Djamel Zenati, Idir Ahmed-Zaid, Mohamed Stiet, Ali Brahimi, Mohamed Nait Abdellah… Malheureusement, plusieurs militants et détenus d’avril 80 sont décédés prématurément avant de pouvoir rédiger leurs témoignages et leurs mémoires. Pourtant, ils ont été des acteurs de premier plan dans ce combat notamment durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix.

C’est le cas du regretté Achour Belghezli, assassiné dans un attentat terroriste, en 1996. Mustapha Bacha, décédé en 1994, en pleine année de la grève du cartable en Kabylie, n’a pas, non plus, eu le temps d’apporter sa touche à cet édifice de l’écriture de l’histoire du combat identitaire en Algérie. D’autres militants ayant été incarcérés en Avril 1980 et ayant sacrifié les plus belles années de leurs vie pour le combat identitaire ont aussi quitté ce monde. C’est le cas de Salah Boukrif et de Berdous Maamar.

Aomar Mohellebi

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