Youcef Hebib raconte l’Académie berbère

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Lors de son intervention dans le cadre du colloque du Mouvement culturel berbère (MCB), le militant de la première heure Youcef Hebib est longuement revenu sur l’Académie berbère de Paris créée par Bessaoud Mohand Arab, Taos Amrouche et d’autres militants de la cause.

Youcef Hebib a également raconté comment les militants ont accompagné, par les actes et des actions concrètes, les événements du printemps berbère de 1980. «Dès que nous avons reçu l’information de l’interdiction de la conférence de l’écrivain Mouloud Mammeri, devant avoir lieu le 10 mars 1980 à l’université de Tizi-Ouzou, nous avons observé un rassemblement de protestation devant l’ambassade d’Algérie à Paris», se souvient Youcef Hebib qui cite son camarade dans le militantisme, Mustapha Aouchiche : «Il tenait un mégaphone et scandait des slogans hostiles à la répression qui battait son plein en Kabylie et à Alger».

Youcef Hebib a indiqué que tout au long du printemps berbère, les actions de protestation et des initiatives n’ont pas cessé d’avoir lieu à Paris. L’intervenant a cité la manifestation du 25 avril à Paris en présence de centaines de militants de la cause berbère et de simples citoyens en guise de soutien aux militants réprimés et arrêtés en Kabylie. Puis, l’orateur est revenu sur la création de l’Académie berbère et le rôle déterminant que ses animateurs ont joué pour la prise de conscience du fait et de la réalité amazighe de l’Afrique du Nord, très méconnue à l’époque à cause de l’histoire officielle qui disait que l’histoire de l’Algérie commençait au septième siècle.

Youcef Hebib a évoqué aussi les activités d’enseignement de la langue amazighe en caractères tifinagh qu’assurait l’Académie berbère. «Une fois à Paris, j’ai été directement voir Bessaoud Mohand Arab qui m’avait très bien reçu en compagnie d’un ami. Ma prise de conscience est liée au fait que j’avais fait le lycée d’Alger en compagnie de Salem Chaker, Rachid Chaker et Rachid Bellil.

Ce sont ces derniers qui m’ont ouvert les yeux sur la réalité amazighe», a expliqué Youcef Hebib qui a rappelé que le premier à avoir assuré des cours de tamazight à l’université de Vincennes, dans le cadre du groupe d’études berbères ou de la chaire de berbère, était M’bark Redjala auquel il a rendu hommage. Par la suite, les enseignants-militants comme Ramdane Achab, Hacène Hirèche… ont pris le relais. Quant au choix des caractères tifinagh effectué à l’époque par l’Académie berbère, Youcef Hebib a révélé que c’était sous conseil du grand militant marocain Mahdjoubi Aherdane.

Au début de l’enseignement de tamazight dans le cadre de l’Académie, le militant Smain Bellache avait même «inventé» deux nouveaux caractères pour harmoniser la transcription, a ajouté Youcef Hebib. L’orateur a rappelé que la confection du drapeau amazigh qui est actuellement en vogue dans tout le monde berbère, avait fait l’objet de plusieurs débats notamment concernant le choix des couleurs avant qu’il ne soit, enfin, confectionné de manière définitive. Et, a révélé Youcef Hebib, «la première fois que le drapeau amazigh avait été brandi publiquement, c’était lors de l’enterrement du militant Ali Mecili à Paris».

Aomar Mohallebi

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