Des villageois assiègent la daïra

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L’imbroglio entourant le raccordement des milliers de foyers de la daïra de Chemini à l’énergie gazière n’en finit pas.

Se sentant «lésés et dénigrés» par les autorités locales, une coordination des citoyens de la daïra de Chemini a été initiée par les enfants de la région dans le souci de porter haut et fort un vœu pieux nommé «gaz de ville». Des habitants venus des quatre coins de la localité se sont entassés, tôt hier matin, devant le siège de la daïra, empêchant toute personne d’accéder à l’enceinte de cette administration. Des prises de paroles par les protagonistes du mouvement de fronde ont été improvisées sur place afin de rappeler les tenants et les aboutissants de leur démarche, se voulant pacifique et légitime à la fois. S’il y a un sujet qui n’a de cesse tenu la dragée haute à la population de la daïra de Chemini, c’est bel et bien le raccordement en gaz naturel. Une énergie attendue comme un messie par l’ensemble des villages de la région depuis belle lurette, mais malencontreusement, la patience a ses limites, à en juger l’ire des habitants de ladite région, excédés au plus haut degré. Ayant pris leur mal en patience depuis des décennies, la population locale se sent lésée à plus d’un titre. Ni les réclamations, ni les écrits n’ont assouvi les vœux des quatre communes composant la daïra de Chemini, en l’occurrence Chemini, Souk Oufella, Tibane et Akfadou. Une ribambelle de communiqués émanant dudit mouvement est placardée à travers l’ensemble du territoire de la circonscription afin que la population locale puisse être informée à temps de tout ce qui entoure le sujet de raccordement en gaz de ville des milliers de foyers. Dans le dernier communiqué qui nous est parvenu, les membres de la coordination pointent du doigt la nonchalance et le renoncement à la voix du peuple par les élus locaux. «L’élu, par définition, doit être au service de la population et non à la solde de l’administration. Son rôle ou sa mission consiste à encadrer et accompagner toute dynamique pour la conquête des droits sociaux les plus élémentaires, entre autres, gaz, électricité route, transport», peut-on lire dans le communiqué n°7. Toutefois, une réunion s’est tenue au cabinet de la wilaya, le 26 du mois en cours, présidée par le wali, et ce, en présence des quatre édiles de la daïra de Chemini, du chef de daïra et du directeur de la DEM. L’ordre du jour n’est autre que le brûlant sujet afférant à l’étude du projet de gaz de ville desdites municipalités. Un compte rendu de ladite réunion a été rendu public où on peut lire la corroboration de l’inscription de la daïra de Chemini au projet du raccordement au réseau de gaz de ville, et qu’elle retenue dans le cadre de la troisième tranche. Dans le même sillage, le DEM a déclaré que «l’avis d’appel d’offres interviendrait dès la mise en place des crédits, car étant une opération centralisée». La réplique des membres de la coordination ne s’est pas tardé à se faire en publiant un communiqué dans lequel ses membres dénoncent l’opacité du PV, car ce dernier «reproduit fidèlement les réponses émises par le wali lors du sit-in observé le 20 octobre 2014, devant le siège de la wilaya de Béjaïa. Ni échéance, ni date, ni encore moins la référence de la couverture financière du projet de raccordement prétendu dans le PV n’ont été avancés et qui vise principalement à duper la population locale…». Les membres de la coordination des citoyens de la daïra tiennent mordicus que leur démarche n’est aucunement motivée par des visées politiques, et tiennent à rappeler à la population locale le caractère dépolitisé de leur mouvement et qui n’a d’autres centres d’intérêt que le raccordement immédiat de tous les foyers de la daïra en gaz naturel. C’est dans ce contexte que lesdits membres appellent l’ensemble des habitants à venir en masse, le 2 novembre prochain à partir de 8h, dans l’objectif d’obstruer la RN26 à la circulation autoroutière, au lieudit Maakel et Boutagout et les accès CW. C’est au nom de la vox populi que ladite coordination se veut de porter les doléances d’une population désabusée et lésée à plus d’un titre. «Nos foyers doivent bénéficier du gaz naturel dare-dare. Autrement, nous ne comptant pas baisser les bras face au mépris affiché par les autorités locales et nationales», tempête un protestataire. «L’échec collégial illustre parfaitement l’insouciance et la nonchalance d’une classe politique vaquée à se faire une situation sur le dos du citoyen lambda», enchaîne un autre manifestant. «La sourde oreille du pouvoir en place n’annihilera aucunement la fortitude et la conviction de nos habitants», dira un membre de la coordination.

Bachir Djaider

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