«Repères historiques de l’Histoire berbère», tel est le thème de la conférence qu’a animée M. Settar Outmani, historien et enseignant d’histoire à l’université de Béjaïa, samedi dernier, à la maison de jeunes d’Amizour.
Organisée par l’association culturelle Artis (art en latin), cette rencontre fut une occasion pour la jeune génération d’Amizour de découvrir quelques repères, grands évènements politiques et personnages historiques fondateurs du peuple berbère. L’orateur, originaire de Barbacha, a survolé durant quelques minutes l’histoire des Free Mens, Imazighen, de l’intronisation du roi berbère Chichnaq sur le trône d’Egypte comme pharaon, en l’an 950 A. J-C. Une histoire millénaire qui, malheureusement, est mal connue par les siens, a constaté cet enseignant au sein même du milieu estudiantin.
Pourtant, affirme le conférencier, ce n’est pas la documentation qui manque, car beaucoup de chercheurs anthropologues et écrivains étrangers se sont intéressés depuis longtemps à l’histoire des berbères et ont écrit plusieurs ouvrages là-dessus.
Abordant le sujet de l’utilisation de la langue amazigh à travers l’histoire, M. Outmani dira qu’elle est restée plusieurs siècles au stade de l’oralité et qu’il a fallu attendre le 19e et le 20e siècle pour que l’on commence à rédiger des dictionnaires et autres documents en berbère. Ça a débuté avec le Français René Bascis, durant la présence française, avant l’arrivée de Boulifa et de Mouloud Mammeri, indiquera l’orateur à son assistance. Ce dernier dira que si Massinissa a choisi d’utiliser dans son travail administratif la langue punique que tamazight (libyque), c’est parce qu’elle était techniquement prête et développée. C’est la même question qui se pose actuellement en Algérie, ajoutera cet enseignant. «Lorsque nous demandons l’officialisation de tamazight, le pouvoir nous répond par une question. Est-ce que techniquement c’est possible ? C’est-à-dire, est-ce que l’on peut faire par exemple des extraits de naissance …etc. en tamazight». Dans ce même sillage, l’historien indiquera que la lutte des berbères pour la reconnaissance de leur identité avec toutes ses composantes ne date pas d’aujourd’hui. «Avant même que la France quitte l’Algérie, la question du mouvement berbère est déjà apparue. Des savants berbères ont dit que ce n’est pas normal que l’élite politique à cette époque-là et notamment les Messalistes, nient l’identité berbère dans leur perception de la nation algérienne en considérant cette dernière comme étant arabo-musulmane ». Une deuxième conférence a été animée par M. Mehrez Bouïche, enseignant en philosophie à l’université d’Alger. Ce dernier a disserté sur le thème «la problématique berbère et la mondialisation». Pour lui, il est temps que les Kabyles, une partie prenante du peuple amazigh, sortent du folklorique pour produire une civilisation savante. Il dira qu’il est nécessaire de s’ouvrir aux autres civilisations pour y puiser tout ce qui peut nous aider à nous développer. Toutefois, il avertit son auditoire sur le danger de «l’ambivalence culturelle». Ce phénomène, soutient cet enseignant, existe déjà dans la société kabyle, très influencée par l’occident et l’orient. Cependant, M. Bouïche reconnait l’existence d’une certaine dynamique culturelle et politique, entretenue par le mouvement associatif et la société civile, dans la perspective de sauvegarder l’histoire berbère et son identité. Citant Nelson Mandela, l’orateur dira que «la véritable ignorance c’est lorsque l’homme ne connait pas son identité».
Les organisateurs de cet évènement ont également projeté un film documentaire sur l’histoire des berbères, réalisé par Farid Bouchama. Ce document audio-visuel retrace l’histoire des Imazighen depuis l’antiquité à nos jours. Dans ce film, le réalisateur s’est déplacé dans différentes contrées de Tamazgha et a interviewé le chanteur Ferhat Mehenni,
Boualem Slimani

