Il est l’auteur de Ayema Azizenn Ouretsrou

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Que de martyrs morts dans l’anonymat pour que vive l’Algérie libre et indépendante. Certains sont, à ce jour, inconnus des populations locales de leur région ou du peuple algérien. A l’orée du 50e anniversaire de l’indépendance, Seddouk a une pensée aux deux cousins martyrs Naït Bouda Madjid et Mohand Améziane. Ces deux moudjahid de la première heure sont morts aux combats les armes à la main. Selon son fils Brahim, Madjid vivait en France comme émigré où il était un musicien jouant bien de la flute et ayant composé plusieurs chansons pour Mohand Saïd Oubelaid dont la fameuse chanson révolutionnaire «Ayema azizen ourastrou» interprétée par Farid Ali. Il a fait partie aussi de la troupe de Slimane Azem. Au déclenchement de la révolution, il a laissé entendre à ses amis, qu’il rentrerait au pays pour prendre part à la révolution de novembre 1954 et mourir pour la patrie, s’il le faut. Armée d’une fibre nationaliste dès son jeune âge, son combat est double : il l’a mené par le chant et par les armes. Il était membre de la glorieuse ALN. Il a participé à plusieurs accrochages dont le dernier qui a eu lieu à Ath Djaâd lui a été fatal. C’était en 1959. Blessé à l’avant-bras droit, ses compatriotes l’ont confié au groupe de Hamou Amelikchi, chargé de le transférer en Tunisie pour suivre des soins intensif. L’un des survivants de cette mission où Madjid à rendu l’âme a témoigné sur la mort douloureuse de cet authentique martyr. «Notre groupe était chargé de transférer si l’Madjid pour des soins en Tunisie. En cours de route, bien que nous ne fussions pas loin de la frontière Algéro-tunisienne, la maladie de si l’Madjid s’était aggravée et il ne pouvait plus marcher. Il nous a demandé de l’abandonner et de sauver notre peau. Ce qu’on a fait, la mort dans l’âme. C’était une situation douloureuse et intenable. Il était presque dans le coma mais toujours en vie quand nous l’avons couvert de branches d’oléastre et avons continué notre chemin. Nous marchons tout en regardons de temps à autre derrière, en essuyant nos larmes». C’est un témoignage poignant qu’a raconté les yeux rougis de larmes ce maquisard. « On ne se souvient pas de l’endroit où Madjid est mort. Comme personne n’est au courant s’il est enterré ou pas. » Son fils Brahim a ajouté que son père jouait de la flute avec les deux mains. Même quand sa main droite était handicapée, il jouait toujours, seulement, de la main gauche. Madjid faisait parti du groupe que dirigeait son cousin Mohand Améziane, un brave adolescent qui savait manier la mitraillette. Son groupe a donné du fil à retordre aux paras français. En 1958, il a tendu une embuscade à l’ennemi au lieu dit «Tourna Bounzou». Les djounoud, après avoir attaqué et se trouvant face à une armada de soldats français suréquipés en armes et en hommes, se replièrent. Voulant couvrir ses djounoud qui se replièrent dans le maquis, Mohand Améziane attaquait seul quand une balle tirée à bout portant lui transperça le cœur. Les premiers arrivés sur place l’ont trouvé mort, adossé à un talus, l’arme sur le genou et il esquissait un sourire. Ce martyr au courage inouï, n’a pas laissé de descendance. Depuis, l’endroit est connu des bergers qui entendaient le cri de son sang, «Anza», quand ils passaient par là. Les jeunes bergers de l’époque, tous du 3e âge aujourd’hui, témoignent encore que l’armée française avait employé de gros moyens lors de cette embuscade-là. «Nous étions au lieudit el-Koumi, juste en face de Tourna Bounzou, à un kilomètre environ à vol d’oiseau. Les soldats tiraient et on courrait dans tous les sens pendant que les balles pleuvaient sur nous. Miraculeusement et Dieu merci, aucun de nous n’a été touché», dira Smaïl. Ces deux héros sont de Seddouk Ouadda, un village martyr qui a donné un lourd tribut à l’Algérie durant la guerre de libération avec plus de 70 djounoud morts au champ d’honneur, parmi eux, une vingtaine de jeunes de moins de 15 ans, partis à la fleur de l’âge. Nous citerons le lycéen Bounzou Zoubir qui a abandonné les études pour le maquis, l’universitaire Madadi Abderrahmane et beaucoup d’autres, car la liste n’est pas exhaustive. Une stèle de Chouhada a été prévue il y a plus de 10 ans dans ce village où seront transcrits sur une plaque en marbre les noms de tous les martyrs de cette contrée pour que nul ne les oublie. 60 % du projet a été réalisé il y a belle lurette et on se demande quand seront achevés les 40% restants.

L. Beddar

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