Les abribus, un luxe

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Dans les deux communes de Taskriout et d’Aït-Smaïl, les abribus se comptent sur les doigts d’une seule main.

Cet état de fait pénalise fortement les usagers des transports en commun dans ces deux communes limitrophes. Ainsi, pendant les saisons froides et pluvieuses, pour patienter en attendant les bus, les voyageurs bravent un froid sibérien sous des pluies parfois diluviennes, en période d’été ils cuisent sous un soleil de plomb. L’APC de Taskriout, à qui incombe la tâche de construire des abribus sur son territoire et contribuer ainsi au confort de ses concitoyens, se distingue par une indifférence incompréhensible ! Selon des constats et des nombreux témoignages recueillis auprès des voyageurs, il n’y a aucun abribus au niveau de l’arrêt principal, sis au chef-lieu, là où s’agglutinent des dizaines de bus assurant les dessertes en direction de Kherrata, Béjaïa, Aït-Smaïl, Riff et Aït-Idris ; alors des centaines de voyageurs, hommes, femmes, enfants et vieillards doivent se débrouiller pour s’abriter à l’étroit sous leurs parapluies et quand le vent vient s’y mêler c’est le bain garanti. Plusieurs autres arrêts, à l’image de celui d’Aït-Ali ou m’hand (aucun abribus), celui d’Aïth mebarek compte un seul. L’arrêt de bus jouxtant la RN9 juste à la sortie du pont, ne compte qu’un seul abribus pour la direction Béjaïa-Sétif alors que pour la direction Sétif-Béjaïa, il n’y en a aucun. En tout et pour tout, la commune de Taskriout ne compte que trois abribus ! Pour ce qui est de la commune d’Aït-Smaïl, c’est l’hécatombe ! Sur tout le long du chemin de wilaya n°6, c’est-à-dire, sur près de 10 kms, un seul abribus est disponible au niveau du chef-lieu à Tergregt ! Il n’y a même pas d’arrêts de bus désignés alors comment oser parler d’abribus ? Pour déposer ou faire monter les voyageurs, les bus s’arrêtent partout et au milieu de la chaussée comme les diligences à l’époque du Far West ! Ainsi, des foules impressionnantes de voyageurs fréquentant quotidiennement les arrêts de fourgons, bravent les aléas de la nature dans l’indifférence totale des pouvoirs publics. Les voyageurs atteignent généralement leurs destinations tout mouillés ou engourdis par la chaleur. Une insuffisance à laquelle s’ajoute un stationnement anarchique des bus en rotation et un manque flagrant d’autres commodités. «En hiver, nous sommes obligés d’attendre les bus sous des torrents de pluie, et en été sous un soleil de plomb», s’indigne un usager. L’on se demande comment des citoyens, dépourvus de moyens, réussissaient à construire des cabanes et des abris à leurs commerces informels dans des délais très réduits en travaillant la nuit, alors que les communes qui ont le devoir et les moyens de construire des abribus, ne le font pas ? Mais, les communes ne sont pas les seules à accabler ! La propriété privée empêche de dégager des plates-formes à cet effet. Personne n’accepte de donner un tout petit espace pour bâtir un abribus, malgré le fait que cet abri le protègera lui et ses propres enfants, en même temps que beaucoup d’autres citoyens ! Il y a même des citoyens qui interdisent aux bus de marquer des arrêts devant leurs propriétés, c’est dire que dans nos montagnes, même l’altruisme des gens est mal orienté ! Normalement, les élus sont là pour trouver des solutions aux problèmes de leurs électeurs et les aider à améliorer leurs conditions d’existence, sinon à quoi bon se porter candidats aux élections et siéger dans les APC et les APW ?

Saïd M.

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