Protéger les vieilles pratiques contre l’oubli est le défit majeur que s’est fixé l’Algérie dans l’optique de préserver son vaste et diversifié patrimoine.
Pour se faire il est primordial d’abord de définir cette notion de patrimoine immatériel et ses différentes composantes.
Pour la spécialiste au niveau du centre National de recherche préhistorique anthropologique, Mme Galez, ce patrimoine culturel immatériel se manifeste dans plusieurs domaines, dont les traditions et expressions orales y compris la langue comme vecteur du patrimoine.
Les pratique sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, ainsi que le savoir faire lié à l’artisanat traditionnel.
«L’Algérie a défini ce patrimoine par des textes de lois, confirmée par des décrets exécutifs fixant les modalités de stockage des biens culturels immateriels dans la banque nationale de données. La constitution révisée de 2016 a conservé cette affirmation», fait-elle savoir.
S’agissant de la relation entre la langue et le patrimoine, la chercheuse affirme que «la langue est le vecteur du patrimoine culturel immatériel et l’écrin dans lequel doit se mouvoir cette dimension de protection et de conservation ».
Le patrimoine culturel immatériel se transmet de génération en génération, «il est recréé en permanence par les communautés et les groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature, de leur histoire dans leur langue vernaculaire», précisera-t-elle en indiquant que cet ensemble procure un sentiment d’identité et de continuité ce qui contribuera selon elle à «promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine».
La spécialiste s’est axée sur les différents aspects sous lesquels se manifeste la diversité culturelle en Algérie. L’art culinaire, l’habillement traditionnel, les maisons et l’architecture, les métiers d’artisanat, entre autres ont été mis en exergue.
Dans ce sens, elle fera savoir que l’Algérie œuvre pour préserver le patrimoine en danger, menacé selon la spécialiste par «divers courants modernistes ou intégristes».
Dans ce sillage, elle a évoqué l’apport de la convention avec l’UNESCO qui a permis à l’Algérie de placer six éléments, à savoir Ahellil du Gourara qui est un chant Zénète (une variante de la langue amazighe), les rites et les savoir-faire artisanaux associés à la tradition du costume nuptial de Tlemcen, le rituel et cérémonie de la Sebeiba dans l’oasis de Djanet, le savoir-faire lié à l’Imzad, le pèlerinage de Rakb Sidi Cheikh, dans la région d’Al-Bayadh (Sidi Cheikh est le pèlerinage annuel de la Zaouia de Sidi El Hadj Belkacem dit Sboua du Gourara).
D’autres dossiers sont déposés et en attente de classement révèlera la chercheuse, notamment « Teqtar » ou la distillation de l’eau de rose de Constantine, le Rai et la chanson bédouine d l’Ouest ainsi que « Kiyalin Al-Ma » ou les mesureurs d’eau.
Ce dernier est sous la liste d’urgence notera Mme Galez. C’est le cas aussi pour « Achouiq » le chant a capella des femmes de Kabylie, et le « S’Raoui » chant des femmes des Aurès, la fête de nouvel an amazigh Yennayer, et le couscous.
K. H.