“La charte pour la paix comporte des insuffisances”

Partager

Dans un entretien accordé, hier, à notre confrère Midi Libre, Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de la promotion et la de la protection des droit de l’homme (CNCPPDH), a condamné fermement, d’une part, les auteurs des attentats du 11 avril dernier qui ont secoué la capitale et d’autre part, exprimé son attachement pour la réconciliation nationale, en précisant que « faire la guerre contre elle, c’est déjà perdu d’avance. »

Qualifiant ces attentats de  » crime  » commis contre l’Algerie, Farouk Ksentini a appelé le monde occidental à se déterminer et à assurer à notre pays une aide militaire et matérielle en matière de lutte contre le terrorisme. Interpellé pour donner son avis sur les répercutions des effets de ces attentats sur la réconciliation nationale, il a affirmé que  » c’est un coup d’épée dans l’eau, car la réconciliation nationale, comme la répété le président de la République, est irréversible et le peuple algérien l’a également adoptée », en concédant que ladite charte comporte certains insuffisances dans l’application sur le terrain de certains de ses textes de loi. Ces insuffisances sont à lier, d’après lui, aux maladresses des institutions judiciaires. En dépit de ces impairs, il se montre satisfait en affirmant que les dispositions de la charte sont, dans l’ensemble, correctement appliquées.

Evoquant le lourd dossier des disparus, l’interviewé s’est contenté de dire que  » les revendications de leurs familles sont légitimes.  »  » Cependant il est quasiment impossible de songer à entreprendre des procès faits aux agents de l’Etat, auxquels il a souvent imputé d’avoir été à l’origine des disparitions « , a-t-il tenu à préciser. Par ailleurs, interrogé sur les probables extradition de Moumen Khalifa par la Grande-Bretagne vers la France, le président de la Cncppdh a souligné que la justice française a un droit à exercer.

Plus explicite, il dira qu’  » on ne peut pas la condamner, (la France, ndlr), ni lui demander des explications, mais nous aussi nous avons un droit qui résulte des conventions en la matière avec la Grande Bretagne. » D’après lui, l’extradition de Khalifa ne pose pas de problèmes, dans la mesure où l’ancien patron de banque du même nom est poursuivi en Algerie non pas pour ses opinions politiques, mais pour des faits criminels. En outre, il a soutenu que Moumen Khalifa n’a pas bénéficié de l’asile politique, puisque celui-ci est soupçonné par la justice britannique de séjour irrégulier. Sur un autre chapitre, celui du droit à l’information, le juriste a précisé qu’un journaliste ne doit pas aller en prison pour ses idées, car, a-t-il dit,  » la prison n’est pas fait pour lui. »

Prié de s’exprimer sur la peine de mort, il a expliqué que c’est une peine barbare qui n’a jamais dissuadé les criminels.  » Je pense qu’il faut qu’elle soit remplacée par de longues peines incompressibles. « , a-t-il noté. Et de conclure qu’  » il reste beaucoup à faire pour améliorer la situation des droits de l’Homme en Algérie « .

Nabila Belbachir

Partager