Toutes les personnes dépassant la cinquantaine auxquelles vous poserez la question, vous répondront qu’elles se souviennent parfaitement du seul médecin qui exerçait à Cap Aokas durant la guerre de Libération, le docteur Monpere en l’occurrence, décédé depuis.
Feu Dr Monpere et sa petite famille vivaient à la Cité administrative, plus exactement dans ce qui est devenu maintenant le centre des inadaptés mentaux. Il y exerçait à titre privé ainsi qu’à l’hôpital tout en assurant la tournée du camion sanitaire qui sillonnait l’ex-commune d’Oued Marsa. Lors de sa présence à Alger en mai de l’année passée pour un congrès médical, sa fille Catherine, qui avait choisi le même métier que son père, a été invitée par une société de commercialisation de matériel médical basée à Béjaïa pour une visite de sa ville d’enfance, Aokas, qu’elle chérissait beaucoup et qu’elle n’arrivait pas à chasser de son esprit depuis leur retour en France en 1963. “J’avais tellement mon village en tête, qui est devenu maintenant une ville, c’est moi qui ai servi de guide aux cadres de la firme qui m’avait invitée, pour leur montrer notre ancienne maison et l’école primaire où j’avais étudié” nous dira Catherine avec émotion.
Reçue par les membres de l’association DEFI gérant le centre des inadaptés mentaux qui lui firent visiter son ancienne maison (l’actuel centre), elle se rendit ensuite à l’école de filles où elle avait suivi ses études primaires. Agréable fut sa surprise en découvrant que la directrice de cet établissement, Mme Saïdi, n’est autre qu’une ancienne camarade de classe qu’elle félicita chaleureusement notamment pour la préservation de l’aspect extérieur de l’école. Elle en profite d’ailleurs pour revoir nombre de ses anciennes camarades de classe.
Cette visite d’une journée a réussi à réactiver l’amour qu’elle porte à sa ville, elle n’a pas manqué d’ailleurs de faire part de l’accueil chaleureux et des changements positifs constatés à Aokas, à sa mère et à sa sœur.
Depuis, l’idée de revoir Aokas après 44 ans germa au sein de la famille Monpere qui fit tout pour y venir le début du mois de juin de l’année en cours. Accompagnée de son mari, Daniel, de sa sœur, Annie et de sa mère Marie Andrée, Catherine revint passer trois jours à Aokas pour une visite-marathon de toute la région. “Quand Catherine m’avait appelée l’année passée pour me dire qu’elle était à Cap Aokas, plus précisément dans notre ancienne maison, j’ai éclaté en sanglots sur le champ et ai décidé ce jour-là de revoir le village que je chérissais depuis plus de 50 ans. C’est dommage que mon mari soit décédé et qu’il n’ait pas assisté à ces retrouvailles avec notre beau village” nous déclare en pleurant la veuve du docteur Monpere.
Cette famille heureuse et émue d’avoir rencontré d’anciennes connaissances et revu Aokas a promis de revenir très prochainement avec leur fils qui n’est plus revenu lui aussi depuis 1963.
A. Gana
