Aujourd’hui, à 92 ans et après avoir interrompu, il y a longtemps, tout contact avec la scène culturelle et celle de la presse, elle donnera son accord et procurera à son ami Rabia l’occasion de parle du parcours d’une femme de renommnée internationale, depuis les années 30. Celle qui a réussi remplir le Parc Albert Premier à Paris de 20 mille spectateurs à l’âge de 14 ans et à la fin de 1920.
La doyenne des artistes femmes en Algérie, Keltoum, de son véritable nom Aïcha Adjouri est une figure emblématique connue dans le monde de la chanson, de la danse, du théâtre et du cinéma. Elle jouit de plus de 70 années de parcours entre la comédie théâtrale et le cinéma. Elle est considérée, très jeune comme étant, une célébrité mondiale.
» Keltoum est le pilier de l’histoire de l’art en Algérie, dira Abdelhamid Rabïa.
Née le 4 avril, 1916 à Blida, elle s’oppose petite, déjà, aux pensées et mode de vie de sa famille. Keltoum vise loin ses projets, qu’elle ne pense qu’ils soient aussi prometteurs. Elle est reniée par sa famille, lorsqu’elle décide de briser le silence des femmes créatrices et franchit la porte artistique, dans un monde masochiste. Ses débuts s’annoncent avec la troupe artistique féminine. Elle organise des fêtes, des célébrations de mariages et faisait aussi de l’animation, jusqu’à qu’elle se fait découvrir par Mahieddine Bachtarzi. Elle rejoint la troupe théâtrale que préside ce maître qui lui a donne l’occasion d’apparaître sur la scène. Bachtarzi n’a fait que prendre le meilleur choix puisque sa troupe va connaître, la gloire grâce à la représentation professionnelle de cette icône.
Des noms illustres sont mentionnés, aujourd’hui dans le répertoire historique de l’art dramatique, du spectacle et du cinèma lesquels, débutent avec Keltoum.
Elle commence officiellement sa carrière dans la fin des années 30.
En 1936, elle devient la responsable de la troupe théâtrale. Elle attire l’intention des cinéastes européens, beaucoup plus allemands et français qu’ils lui proposent des rôles importants avec lesquels, Keltoum devient une comédienne internationale. Elle joue dans le film de, « La septième porte de Svapobla ». Au moment où elle se prépare pour signer un nouveau contrat, elle tombe malade, suite à une dépression, à la fin des années 40. Son retour s’annonce dans le théâtre.
En sa qualité de directeur général de la troupe, Mahieddine Bachtarzi, organise des tournées, à travers les villes françaises, telles que Paris, Marseille, Lyon ainsi que belges dont Bruxelles et Liége. Mais aussi les villes maghrébines dont la Tunisie, le Maroc et la Libye.
» Keltoum était la seule femme qui a fait subjuguer le monde par sa représentation dans le parc Albert Premier, devant 20 mille spectateurs. C’est une information officielle qui n’a pas été, souvent donnée, car Keltoum a fait l’exception, dans cette époque ; d’abord parce que c’était la seule femme qui se produisait en solo en face de milliers de gens même si elle a été reniée par sa famille. Ce qu’on retient le plus de cette personne, c’est qu’elle était très professionnelle parce qu’elle imposait ses qualités et ses aptitudes artistiques », a annoncé Rabïa.
Toujours à cette époque, la comédienne participe à de nombreuses pièces, soit avec Bachtarzi, soit avec Rachid Ksentini et le comédien, Habib Réda.
Elle a joué dans « Le mariage par téléphone », « La fille sauvage » et tant d’autres
Sa première aventure officielle dans le théâtre se fait à l’occasion de la saison théâtrale arabe au niveau de l’Opéra d’Alger sous la direction de Mahiedine Bachtarzi et Mustapha Kateb. A chaque fois que la troupe réalise des pièces, elle sillonnera les territoires, national et étranger. Devant cette réussite, les portes lui sont ouvertes dans le chant également, telles que celle de la radio et du cinéma.
La grande dame franchit aussi la scène spectaculaire de la danse et le chant où elle enregistre de nombreuses chansons dont la célèbre, « Ya ouled el ourban », mais son itinéraire, dans ce secteur se veut court.
Depuis 1947, Keltoum est la seule femme qui représente des rôles féminins, dans la tragédie ou dans la comédie. Même si l’artiste est disputée par les dramaturges de l’époque, elle ne refuse aucune pièce qu’on lui propose.
Ses objectifs vont loin puisque elle est considérée grâce à ses qualités, comme conseillère au niveau de la radio, en arabe dialectal algérien. Elle devient, également, assistante de nombreux réalisateurs de cinéma.
Le 30 mais 1951, elle arrête toute activité pendant une période courte. Elle revient en 1952, à la scène du théâtre classique pour recevoir le rôle « Disdémona », une comédie de Othello, écrite par le dramaturge anglais Shakespeare, qui a été adaptée en langue arabe par le penseur littéraire, l’ex-ministre Ahmed Madani.
Keltoum émerveille, encore une fois les amateurs du théâtre avec sa manière de camper le personnage, » Disdémona « .
En 1953, elle rompe, de nouveau, sa relation avec l’art suite à une fatigue physique pour qu’elle y renoue en 1954 où, elle eut son premier enfant Sid Ahmed.
Avec le déclenchement de la guerre de la Libération nationale, les activités culturelles sont presque toutes arrêtées. Keltoum répond comme tous les artistes, à l’appel du Front de la libération nationale, (FLN), pour cesser toutes activités afin d’éviter tout problème avec l’armée coloniale.
Le 8 janvier 1963, elle revient à la scène, suite à la nationalisation de la première institution culturelle, Opéra d’Alger, actuellement, Théâtre national, par Ahmed Benbella qui était chef d’Etat au gouvernement provisoire. En cette même année, la troupe nationale du théâtre algérien a été créée. Keltoum travaille dans cet ensemble, auprès de Mustapha Kateb qui est, depuis 1963, directeur général de l’institution, en collaboration avec Boudia, directeur général de l’administration et d’une grande équipe tels que Rouiched, Aallal Mouhib, Hadj Omar, Nouria, Aguoumi, Alloula et toute une pléiade d’artistes.
La grande comédienne s’engage à participer à la réalisation d’une dizaine de pièces produite par l’Opéra d’Alger, dés sa nationalisation dont, « Hacen Terro », où elle joue avec son ami Rouiched, l’auteur de la pièce « La vie est un songe ». Ces deux pièces sont réalisées par Mustapha Kateb.
Keltoum prend, aussi, des rôles dans, « Les fusilles de la mère Kara », de l’allemand Brecht, réalisée par Abas Feraoun, « Rose rouge pour moi », réalisée par Allel Mouhib, en 1964, « Le sultan embarrassé », écrite par la dramaturge égyptien, Toufik El Hakim et réalisée par Abdelkader Alloula. Elle reçoit d’autres rôles, dans « E rih », écrite en langue française par Mouloud Mammeri et est réalisée par Jean Mari Beglaire, « Rouge L’aube », écrite par Assïa Djebar et mise en scène par Mustapha Kateb, en 1967.
La représentation de, » Rouge Laube « , rentre dans le cadre du Festival Panafricain qui s’organise pour la première fois à Alger.
En 1970, elle réapparaît avec le comédien et l’auteur des « Les concierges », Rouiched, réalisée par Kateb. Keltoum présente, également, « La femme stérile », en 1973, écrite par un jeune comédien de l’époque, Bouzrar Zahir, réalisée par Nourdine El Hachemi. En 1975, « Sikat Essalam » de Saadeddine Ouahba, réalisée par l’égyptien Saad Kardech. « Les rustres », de Carlos Goldoni, réalisée par le spécialiste de Brecht, Hadj Omar. « Aafrit Ou hafouh », de l’égyptien Ali Salem, adaptée par Ahmed Ben Guettaf et réalisée par Hadj Omar, en 1977. « La mort d’un commerçant voyageur », de l’américain Arthur Miler, réalisé par Fouzïa Aït El Hadj, en 1988. « La maison de Bernard alba », de l’espagnole Frederico Garcia Lorca, réalisée par Allel El Mouhib, 1988, également
Keltoum joue dans environs 70 pièces de Théâtre et une vingtaine de films. Elle enregistre aussi, cinq disques en 33 et 45 tours.
Au milieu des années 60, elle tient un rôle cinématographique important dans, « Le vent des Aurès », écrit par Abdelhamid Hadougua et réalisé par Lakhdar Hamina.
Elle reconstitue, à cette époque, un duo avec Rouiched dans le film « Hacen Tero », réalisé par Lakhdar Hamina. Une oeuvre qui parle d’une manière légère et humoristique de la révolution que Keltoum et Rouiched présentent à travers le quatrième art.
La grande dame de l’art algérien est sollicitée, une nouvelle fois, à jouer avec Rouiched dans le film, « La médaille pour Hacen ».
Sa dernière production dans le théâtre se réalise, en 1987 dans, » La mort d’un commerçant voyageur », puisque huit jours avant la générale, la direction du TNA lui annonce, sa retraite. Keltoum reçoit un grand choc suite à cette décision alors qu’elle estime jouir toujours de capacités physique et intellectuelle pour continuer de s’adonner à sa passion.
Grâce à la demande de son ami et confrère Rouiched, elle revient au cinéma, en 1991, dans le film » Les concierges « . Un thème qui aborde dans le théâtre et avec lequel ils embrassent un succès par une série de représentations qui durent 15 jours au Théâtre Gymnase de la Bonne nouvelle, à Paris. Depuis cette date, Keltoum ne se produit plus, jusqu’à ce jour.
Fazila Boulahba